Ce baiser, moins célèbre, sans doute, que celui dit de l'Hôtel de Ville de Paris immortalisé par Robert Doisneau, ne rejoindra probablement jamais comme le second le monde de l'art (l'accession d'une oeuvre à d'irréelles valeurs dépassant de loin son sujet et son auteur). Pourtant on pourrait s'y arrêter des heures. Il a été photographié par Agustì Centelles à Barcelone en Juillet 1936 lorsque le peuple à forte majorité libertaire vint à bout - de sa propre initiative - du soulèvement militaire fasciste. Ses photographies de la période 36-39 sont exposées à l'Hôtel Sully à Paris jusqu'à mi-novembre. Agustì Centelles n'est pas une star de la photographie plongée bravement dans la guerre d'Espagne, il est témoin actif et antifasciste qui a photographié la guerre de ce camp-là en subissant le sort de ses pairs. Son témoignage est très précieux car il comporte les photographies des journées révolutionnaires de juillet 1936 et leurs espoirs collectifs, des affrontements de mai 1937 lorsque les staliniens prirent violemment la direction en anéantissant définitivement le vouloir populaire, et des camps de la honte en France, où Centelles est interné avec des milliers de réfugiés en 1939 (Bram), qui scellent l'infamie et ouvrent une autre période de grande barbarie.
Agustì Centelles deviendra photographe à Carcassonne où, comme de nombreux espagnols trahis, il rejoindra pourtant la résistance française (la trahison sera doublée à la "libération") et réalisera des faux papiers en série. Lorsque le réseau est démantelé par la Gestapo, il cache ses négatifs et repasse clandestinement en Espagne. Il ne les retrouvera qu'en 1976 après la mort du dictateur Franco.
Comme de mal entendu, et on ne s'y fera jamais et on ne devra jamais s'y faire et il faudra tout faire pour ne pas s'y faire, les légendes de l'exposition sont souvent succintes et font l'impasse autant qu'elles le peuvent sur l'importance du mouvement anarchiste en Espagne. Histoire estropiée ! Les indications des photographies de membres de la CNT les notent comme simples républicains. Et dans la chronologie historique, la CNT n'est pas mentionnée - même pas dans les journées de juillet 36 - et le mot "anarcho-syndicaliste" n'apparaît qu'au moment de la liquidation du Poum (???). Mais les photographies parlent plus fort que les jeux d'ombres institués. Il faut voir et entendre les images du photographe catalan. Absolument !
Post scriptum : Un couple de jeunes gens à l'aise, très branchés, traversa l'exposition en pérorant (fort) sur Martin Parr, chantre de l'insignifiance photographique. Obscénité d'époque ! On attendait qu'ils partent, on aurait dû les chasser. On y retournera.
Photographies : Agustì Centelles
Rappels :
- La chanson du pirate
- Barcelone,juillet 36... St-Paul, mai 09
- Les amitiés d'Abel Paz
- Mots croisés
- Carl Einstein pour nous autres
- Violeta Ferrer : Souvenirs d'Espagne
- Août 1944, anarchistes et antifascistes espagnols entrent dans Paris
Agustì Centelles deviendra photographe à Carcassonne où, comme de nombreux espagnols trahis, il rejoindra pourtant la résistance française (la trahison sera doublée à la "libération") et réalisera des faux papiers en série. Lorsque le réseau est démantelé par la Gestapo, il cache ses négatifs et repasse clandestinement en Espagne. Il ne les retrouvera qu'en 1976 après la mort du dictateur Franco.
Comme de mal entendu, et on ne s'y fera jamais et on ne devra jamais s'y faire et il faudra tout faire pour ne pas s'y faire, les légendes de l'exposition sont souvent succintes et font l'impasse autant qu'elles le peuvent sur l'importance du mouvement anarchiste en Espagne. Histoire estropiée ! Les indications des photographies de membres de la CNT les notent comme simples républicains. Et dans la chronologie historique, la CNT n'est pas mentionnée - même pas dans les journées de juillet 36 - et le mot "anarcho-syndicaliste" n'apparaît qu'au moment de la liquidation du Poum (???). Mais les photographies parlent plus fort que les jeux d'ombres institués. Il faut voir et entendre les images du photographe catalan. Absolument !
Post scriptum : Un couple de jeunes gens à l'aise, très branchés, traversa l'exposition en pérorant (fort) sur Martin Parr, chantre de l'insignifiance photographique. Obscénité d'époque ! On attendait qu'ils partent, on aurait dû les chasser. On y retournera.
Photographies : Agustì Centelles
Rappels :
- La chanson du pirate
- Barcelone,juillet 36... St-Paul, mai 09
- Les amitiés d'Abel Paz
- Mots croisés
- Carl Einstein pour nous autres
- Violeta Ferrer : Souvenirs d'Espagne
- Août 1944, anarchistes et antifascistes espagnols entrent dans Paris
2 commentaires:
Conseil de lecture : L'Œil de l'histoire. 1 : Quand les images prennent position (Minuit) de Georges Didi Huberman. Ce qui devrait vous plaire;
DECOUVERTE FORTUITE DE CE PHOTOGRAPHE
tres bel article que je trouve ici
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