”C’est chez mon ami Jules Dupré, à l’Isle Adam, que j’ai appris l’insertion au Journal Officiel d’un décret qui me nomme Chevalier de la Légion d’Honneur. Ce décret, que mes opinions bien connues sur les récompenses artistiques et sur les titres nobiliaires, auraient dû m’épargner, a été rendu sans mon consentement, et c’est vous, Monsieur le Ministre, qui avez cru devoir en prendre l’initiative.
Mes opinions de citoyen s’opposent à ce que j’accepte une distinction qui relève essentiellement de l’ordre monarchique. Cette décoration de la Légion d’honneur que vous avez stipulée en mon absence et pour moi, mes principes la repoussent.
En aucun temps, en aucun cas, pour aucune raison, je ne l’eusse acceptée. Bien moins le ferais-je aujourd’hui que les trahisons se multiplient de toutes parts et que la conscience humaine s’attriste de tant de palinodies intéressées. L’honneur n’est ni dans un titre ni dans un ruban, il est dans les actes et dans le mobile des actes. Le respect de soi-même et de ses idées en constituent la majeure part. Je m’honore en restant fidèle aux principes de toute ma vie ; si je les désertais, je quitterais l’honneur pour en prendre le signe. Mon sentiment d'artiste ne s'oppose pas moins à ce que j'accepte une récompense qui m'est octroyée par la main de l'État. L'État est incompétent en matière d'art. Quand il entreprend de récompenser, il usurpe le goût du public. Son intervention est toute moralisante, funeste à l'artiste qu'elle abuse sur sa propre valeur, funeste à l'art qu'elle enferme dans des convenances officielles et qu'elle condamne à la plus stérile médiocrité.”
Gustave Courbet - lettre du 23 juin 1869 à Maurice Richard, Ministre des Beaux Arts
Photo : Nadar
Mes opinions de citoyen s’opposent à ce que j’accepte une distinction qui relève essentiellement de l’ordre monarchique. Cette décoration de la Légion d’honneur que vous avez stipulée en mon absence et pour moi, mes principes la repoussent.
En aucun temps, en aucun cas, pour aucune raison, je ne l’eusse acceptée. Bien moins le ferais-je aujourd’hui que les trahisons se multiplient de toutes parts et que la conscience humaine s’attriste de tant de palinodies intéressées. L’honneur n’est ni dans un titre ni dans un ruban, il est dans les actes et dans le mobile des actes. Le respect de soi-même et de ses idées en constituent la majeure part. Je m’honore en restant fidèle aux principes de toute ma vie ; si je les désertais, je quitterais l’honneur pour en prendre le signe. Mon sentiment d'artiste ne s'oppose pas moins à ce que j'accepte une récompense qui m'est octroyée par la main de l'État. L'État est incompétent en matière d'art. Quand il entreprend de récompenser, il usurpe le goût du public. Son intervention est toute moralisante, funeste à l'artiste qu'elle abuse sur sa propre valeur, funeste à l'art qu'elle enferme dans des convenances officielles et qu'elle condamne à la plus stérile médiocrité.”
Gustave Courbet - lettre du 23 juin 1869 à Maurice Richard, Ministre des Beaux Arts
Photo : Nadar
5 commentaires:
"Je m’honore en restant fidèle aux principes de toute ma vie ; si je les désertais, je quitterais l’honneur pour en prendre le signe..."
Chapeau Monsieur Courbet
La rumeur est donc vraie
Tu as refusé la Légion d'Honneur ? Fichtre !
Satie se moqua : "Ravel refuse la Légion d'Honneur , mais toute sa musique l'accepte."
Je ne sais plus si c'est Cocteau ou Radiguet qui ajouta : "Ravel refuse la Légion d'Honneur, encore eut-il fallu ne pas la mériter !"
Euh non ! non ! on se rassure, personne ici n'est sujet à ce type de "gloire". Ce que "anonyme" veut dire est sans soute autre chose, plus simple et qui n'est pas rumeur.
Jean
PE : Daphnis et Chloé de Ravel, c'est tout de même très beau.
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