Salut les ours !
Salut les chats !
Salut les bisons !
Salut les oiseaux !
Salut les tortues !
Salut les baleines !
Salut les pingouins !
Doucement les castors !
Enfants d'Espagne
30.3.12
LES BELLES EMPREINTES DE BELLO DUO
Le second set de ce concert au Black Dog, ce jeudi 29 mars commence, par une évocation d'Earl Scruggs qui a passé le banjo à gauche la veille. Michael Rosseto prend soin de présenter ce géant de l'instrument (souvent qualifié de Paganini ou de Coltrane du banjo) et joue son "Home Sweet Home" avec un recueillement d'une secrète délicatesse. Puis viennent deux longues suites, aux bouleversements progressifs, où l'on passe d'une berge à l'autre, de la trace vers les choses, puis leurs disparitions lentes. Là, Bello Duo capte un sentiment infime, imperceptible aux ignorants de leur propre surface, mais primordial pour tous les vivants.
Site du Bello Duo
Photo : B. Zon
24.3.12
22.3.12
ÉLECTION : PIÈGE À IMPROVISATION
L'Empereur Napoléon IV et ses hommes ne manquent pas une occasion de traiter le prétendant au trône F. de Hollande d"improvisateur" et le futur roi convaincu du parti Sauce à l'eau et sa troupe font de même en accusant l'Empereur d'"improvisation".
Nous serions donc en présence de deux grands improvisateurs, ce qui devrait réjouir les amateurs de jazz (toutes tendances confondues) pour qui l'improvisation (valeur minoritaire) est un capital sacré. Mais seulement voilà, le terme ne semble pas ravir nos deux coqs prétendants à l'élection (adeptes des valeurs majoritaires... valables pour un nombre restreint au capital bien plus sacré) qui y voient plutôt un symptôme de maladie.
La vie de l'amateur de jazz est bien compliquée !!!
20.3.12
DÉBAT SUR LE CNM À MUSIC INFO
Les buts (non avoués) du CNM, projet sarkozien qu'Hollande aurait plaisir à "reprendre", sont finalement assez transparents dans les paroles de Daniel Colling, moins adroit sans doute que les hommes politiques en charge du dossier, habitués à retourner les gens comme des crêpes (et en la matière, c'est chandeleur tous les jours).
La pétition "Appel des 333 est toujours en ligne et plus que jamais d'actualité.
19.3.12
EMILIE LESBROS ET SES AMIS DU MINNESOTA : ILL CHEMISTRY, NATHAN HANSON ET AUTRES BLACK DOGS
Le vol New-York Paris d'Emilie Lesbros fit escale dans les Twin Cities (Minneapolis - St Paul). Elle y resta donc quatre jours, le temps d'y déposer sa musique, de s'imprégner de celle de ces peuples lacustres, semer et glaner doucement tout en même temps de splendides lueurs d'unique détermination, d'unique déterminé.
Le Black Dog sera le centre de ces aventures faites d'évocation des sources, de langues inséparables, de poésie sans embuscade, de naissances sans otages.
Jeudi, Emilie joua seule en préambule à la soirée balkanique de Orkestra Bez-Ime et du Yale Slavic Women's Choir, et toucha direct car la danse est pur mouvement, Emilie sait le chanter.
Vendredi après que Todd Harper (piano) avec son nouveau trio The Topical Birds (Corey Grossman au violoncelle et Ricardo Bennett aux percussions) nous rappelèrent par la discrète citation de A Love Supreme qu'il était bien question de cri de ralliement et non de quête spirituelle dépassée, après que Craig Johnson nous fit découvrir, seul au piano, les compositeurs finnois du siècle dernier, après qu'il eut joué Hanns Eisler avec toute la témérité nécessaire à ses pages viennoises, Emilie répondit à l'invitation de Nathan Hanson (saxophones ténor et soprano) pour un duo où d'emblée surgit la note exacte d'un même continent nécessaire. Étreinte ! Art de la courbe comme geste d'amour, dénonciation des ténèbres. Version poignante de "Gloomy Sunday", chanson originellement nommée "La fin du monde" par son compositeur Rezső Seress. Paul Robeson, puis Billie Holliday en donnèrent de poignantes versions, Emilie Lesbros et Nathan Hanson aussi ce 16 mars. Quelque chose de très puissant, débarrassé de tous contours - l'humanité en question - passa dans la salle à ce moment-là. Unique et déterminé ! Le duo invita Desdamona présente au Chien Noir à se joindre à eux. Elle delivra un de ses poèmes : "A small liberation". On ne saurait mieux qualifier l'état de conscience à la fin de ce set, empreint peut être aussi des peintures de l'Ojibway Frank Big Bear vues l'après-midi à la Bockley Gallery de Minneapolis.
Dimanche, retrouvailles avec Ill Chemistry et félicité à tous les étages, le genre de moment où tout flotte pour le mieux. La musique, elle, flotta de son plus beau visage de vivant. Le solo d'Emilie incarna une belle apparence d'un infini tactile : une perle. Desdamona distribua ensuite des affiches du festival Sons d'Hiver, disant toute l'importance de ce festival. L'histoire sans cesse. Ill Chemistry déploya ses pulsations, rejoignant en tous points, avec son énergie propre, le chant d'Emilie autant que les aspirations de la salle. Desdamona sait toujours rappeler ce que l'on doit aux femmes. Les Veterans for Peace prenaient pendant ce temps là, à l'autre bout de la salle leur premier dîner après un jeûne de protestation (et cette association d'anciens combattants résolument opposée à la guerre sait de quoi il s'agit). Quelqu'un a dit "Communion complète" ? Nathan Hanson, présent dans la salle fut tout naturellement appelé avec son soprano (il faudra bien dire à un moment quel soprano est Nathan Hanson), ainsi qu'Emilie pour un quartet final (personne ne voulait que ça s'arrête) d'une densité jouissive. Les toiles de Luke Hillestad s'animaient déjà depuis un bout de temps aux fameux rythmes de Carnage the Executioner. La bonne musique peut faire croire à tous les changements. Il ne tient qu'à nous pour la suite. Plus tard, alors que les conversations allaient bon train, sur le trottoir, Willie Murphy - spectateur régulier de ces soirées - entama (sous les yeux émerveillés d'Emel Sherzad) un duo a capela avec Emilie : un extrait commenté de "Sophisticated Lady". Les rêveurs peuvent prendre la vie en charge.
Photos : B. Zon
Les terrains d'entente d'Ill Chemistry et Emilie Lesbros
10.3.12
AVEC LE TEMPS... MOEBIUS
Un peu plus de deux années plus tard, le mardi 28 janvier 2003 à l' Espace Jean Vilar d'Arcueil pour le festival Sons d'Hiver, "Avec le temps" devint le thème de référence d'un quartet unique : Moebius-Tony Hymas-Hélène Labarrière-Paul Clarvis... l'image ci-dessus est extraite de la répétition de l'après-midi.
Le 2 mars, Charles de Saint-André écrivait sur Citizen Jazz à propos de ce concert :
"Le dessinateur Moebius a fait quelques couvertures des disques du pianiste, il a émis son envie de dessiner comme le trio improvise, conclusion triviale : l’organisation d’un concert s’impose ! Ce fut chose faite et ce pendant une petite heure. Une musique ouverte, aux teintes modernes de l’improvisation libre, parfois impressionniste et une seule mélodie « Avec le temps » vite énoncée. C’est extrêmement bien vu de la part du trio de Tony Hymas de ne pas avoir produit une musique qui se prêterait à l’illustration, à un sujet, et de laisser Moebius interpréter librement les atmosphères proposées. Par moment il a suivi la musique (par point rythmique, par courbe mélodique), mais l’essentiel n’était pas là.
Le trait est devenu au même titre de la musique improvisée, une trace éphémère de l’instant et l’ensemble (Moebius a proposé en tout 4 dessins, dont un très fugitif dont il ne semblait pas satisfait) un résultat saisissant, figé, du temps des différents morceaux.
On voit pendant tout le concert la mutation de la représentation de Moebius. Abstraite dans l’ensemble, il retravaille par couches successives et se fixant sur des détails.
Ce qu’on croit voir un instant se transforme sans cesse : une sorte de citron, puis une amande bleue qui devient un système planétaire, puis un être couché vite rattaché à un autre être ! Autre exemple, le dessin final présenta deux zones sur lesquelles Moebius est revenu plusieurs fois, une faite de forme en volume rouge, verte et bleue proche des délires du monde d’Edena et une autre dans laquelle je vis tour à tour un masque africain, une tête d’indigène effrayante, une trace laissée sur un linceul et pour finir un visage recueilli..."
Deux courts moments intenses et partagées dans l'œuvre immense de ce géant de la bande-dessinée, ce grand inspirateur pour nombre d'entre nous, qui avait tant de façons de jouer avec le temps... Avec le temps, Moebius est pourtant parti... ce matin. La nouvelle est abrupte.
Citizen Jazz du 2 mars
7.3.12
J'ARRÊTE LES AFFRANCHIS
Jean Reno : "Il y a un côté euh... comment il s'appelle ce pianiste de Cologne, j'ai oublié le nom... Keith quelque chose..."
Isabelle Giordano : "Keith Richard !"
Une autre voix plus bas souffle : "Keith Jarrett"
Isabelle Giordano : "Keith Jarrett ! Keith Jarrett !"
Jean Reno : "Merci beaucoup, le concert de 1972, il y a un morceau..."
Amie lectrice, ami lecteur quelle est l'erreur la plus grande :
- Celle de la journaliste qui confond le guitariste des Rolling Stones avec le pianiste du quartet de Charles Lloyd ?
- ou celle de l'acteur à qui Richard Lornac rappelle Keith Jarrett ?
À moins que tous aient été perturbés par les lointaines effluves de l'eau de Cologne Kiss for Men. En tous les cas, nous n'avons pas trace d'un concert de Kiss à Cologne, ou du moins pas de photo de Robert Doisneau pour le prouver.
Image : Le baiser par Man Ray