Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

26.5.12

WILLIE MURPHY AU BLACK DOG

Willie Murphy a prévenu, il avait eu le blues le jour même et il n'y aurait pas de posture folky. Les deux sets, intenses, partagés au Black Dog hier soir, furent à la hauteur. Brèches, plaies, lézardes, déchirures, la beauté surgit du blues, liberté conquise dans la solitude et l'errance. Avec sa composition "Letter to a politician", Willie Murphy a aussi rappelé que la musique du Delta sait parfois être signe d'engagement, de contestation directe, insistant dans le second set en reprenant  JB Lenoir (qui chantait que chaque enfant pauvre né dans le Mississippi était mort né, interpellait la misère sous Eisenhower ou incitait ses frères à ne pas aller au Vietnam). Besoin soudain d'une tranchée de douceur, non sans avoir cité Karl Marx arguant que la révolution serait possible lorsque le capitalisme aurait englobé toute la Terre "Nous y sommes presque !", il a aussi joué "It's a wonderful world", mais s'est refusé à la demande d'une auditrice le priant de chanter à la suite "Over the rainbow" ("It's not a good song for now") pour reprendre avec plus de rage encore, écorce de la dignité inconnue. Le blues, plus qu'une autre musique peut-être,  contient le monde sous toutes ses facettes. Ce qui est lisible est obscur et ce qui est obscur est lisible.

Photo : B. Zon

22.5.12

RACINE(S)

« Ce qui est échappé aux spectateurs pourra être remarqué par les lecteurs. » 
Jean Racine

Photo : B. Zon

20.5.12

LE BLUES

"Ah le blues ! ... Le blues durera l'éternité. 
Vous pouvez entendre dès la première note qu'il y a de l'âme."
Louis Armstrong à propos de Bunk Johnson jouant "Franklin street blues"


Photo : B. Zon ("In from the storm")

19.5.12

SEUQCAJ

"On passe les trois quarts de sa vie à vouloir, sans faire". 
Denis Diderot 

Photos : B. Zon

13.5.12

JEANNE HUMBERT & CO

Fille d'une mère qui pris la tangente (abandonnant un mari violent et alcoolique pour rejoindre un militant anarchiste ami d'Alexandre Jacob), Jeanne Humbert est l'une de ces inlassables militantes libertaires oubliées dont l'action a permis des progrès cruciaux des années après leur action. Née Rigaudin, Jeanne épouse Eugène Humbert, militant comme elle des droits des femmes, pour la contraception, pour l'avortement, pour la liberté sexuelle. Tous deux sont allés en prison pour ces luttes (Eugène sera incarcéré une nouvelle fois au début de la guerre en 1939 pour "propagande anticonceptionnelle"). Un autre anarchiste, coutumier de la prison pour son action anti-militariste (il y mourut en 1917 dans des circonstances non élucidées - suicide ou assassinat) Miguel Almereyda (état civil : Eugène Bonaventure Jean-Baptiste Vigo) demande à Jeanne d'être la marraine laïque de son fils, le futur cinéaste Jean Vigo. Elle consacrera plus tard un ouvrage à son filleul. Cette activiste féministe, anti-capitaliste et anti-fasciste a fait un séjour au pénitencier Saint Lazare où l'avait précédé Louise Michel. En 1934, elle connait un procès agité pour propagande anti-natalité, accusée de propager la grève du ventre contre la guerre que Marie Huot, Nelly Roussel et Séverine avait lancé avant elle (reprise en quelque sorte plus tard par la femme du président américain Franklin Delano Roosevelt, Eleanor, lorsque qu'elle dit "N'est-il pas parfaitement stupide que les femmes continuent à avoir des enfants si c'est pour les voir tuer"). Elle se réjouit qu'aucune femme n'ait déposé contre elle. "Nous ne sommes pas des tables de multiplication... Pour nous la maternité est un acte d'amour." Eugène Imbert meurt dans l'hôpital-prison d'Amiens, lors d'un bombardement le 25 juin 1944, à la veille se sa libération. La fin du régime de Vichy ne signifie pas l'accession aux droits pour lesquels se sont battus les Humbert ainsi que beaucoup d'autres, il faudra bien d'autres luttes pour que soient reconnus en France le droit à la contraception (1967 - loi Neuwirth) et celui à l'avortement (1975 - loi Veil). Les lois favorables ne portent que le nom du législateur, jamais de leurs inspiratrices et inspirateurs de longues dates. Question de droit de hauteur.

Jeanne Humbert disparait en 1986. En 1981, le cinéaste Bernard Baissat lui a consacré un portrait "Ecoutez Jeanne Humbert".

SCARLATISER LA COQUILLE


VULNERARI

Nous avons affaire à un homme tellement délimité par sa propre histoire personnelle que lorsqu’il obtient tout ce dont il rêvait et que sa vie acquiert enfin une valeur, il est tout étonné de voir que ces choses l’ont rendu vulnérable, car on peut les lui reprendre


Il ne s'agit pas d'une présentation d'un hypothétique chef d'état nouvellement sélectionné, mais de celle du personnage central du film Thief (le Solitaire) par le réalisateur Michael Mann.

Photo extraite de Le Solitaire : Robert Prosky ("employeur" du solitaire joué par James Caan)

10.5.12

PASSE, PASSÉ, PASSANT
(LOUISE MICHEL AU CARREFOUR)


Nous ne faisons souvent que passer en omettant tant de détails. Vétilles secrètement battantes qui pourraient mettre à mal les jugements les plus arrogants, les plus saignants (d'une tour de seigneur d'où l'on ne voit strictement rien), et confirmer l'humanité la plus subtile.

Ce matin, rue Lepic, un petit groupe de touristes est arrêté au coin d'une rue (sans plaque nominative), le guide profite d'une sorte de fresque miniature à l'effigie de Louise Michel collée sur le mur. C'est l'occasion pour ce guide pas ordinaire de faire un petit exposé sur la Commune de Paris et rappeler l'attitude des artistes et intellectuels en citant l'engagement de Gustave Courbet.

Les artistes et intellectuels pendant la commune ? La différence entre "l'humaniste" Zola (qui décrit la Commune comme un  cauchemar et les communards comme des bêtes) et Courbet, entre le fourbe Flaubert et Aimé-Jules Dalou ? Une réflexion qui tombe à point nommé en ces temps où les poules prennent souvent l'eau.

À écouter Tony Hymas : De l'Origine du Monde

8.5.12

8 MAI ICI OU LÀ


Loin du réel, l'élection présidentielle invente un pays sans marges et plein de frontières d'où l'on exclue les non naturalisés, les sans-droits, les non inscrits sur les listes électorales, les abstentionnistes, et même ceux qui concèdent néanmoins au rite en votant blanc ou nul. Les votants exprimés sont entre eux, s'excitent pour un rien, dansent un coup à droite sur Johnny Hallyday, un coup à gauche sur Yannick Noah, font un petit coucou à la voiture balai conduite par Jean-Luc Mélenchon qui ne fait que passer, pleurent avec la dernière livraison de roses Interflora, crient des "on a gagné" coupés du monde, chantent des "on lâche rien" avant de se jeter dans le vide discipliné. Leurs champions drapés dans leur fausse majorité s'autorisent tout, ils nomment les chefs de police, les juges suprêmes et toutes sortes de hauts-parleurs à faire mal. Leurs mots : "pouvoir d'achat", "croissance", "sécurité", une bricole sur l'éducation de temps en temps pour rassurer les parents, c'est à peu près tout. 

Aujourd'hui dans un esprit de "réconciliation" (qui a dit "classe ! " ?) en souvenir de la capitulation de l'Allemagne le 8 mai 1945, l'ex caïd a invité le nouveau contremaître, exerçant ce que les grossiers appellent le "devoir de mémoire". La mémoire est comme les ordures, elle a meilleure mine avec le tri sélectif, larme en croco Louis Vuiton sur la tombe du soldat inconnu.

Ce 8 mai 2012, les habitants des marges ont marché de Barbès au centre ville,  ou bien à partir de Setif et Guelma jusqu'à Aujourd'hui. Setif et Guelma où le jour même de sa "libération" le 8 mai 1945, l'état français réprimait à grande échelle dans le sang des manifestations algériennes ; Aujourd'hui, marqué sans cesse par les brutalités policières, la politique impériale, la négation des pauvres, des autres.

Pas autant de monde que pour regarder un débat où le nouveau maître se défend de vouloir supprimer les centres de rétention, pas autant que pour danser "À la queue leu leu" derrière Pierre Bergé dimanche soir, illusion une fois de plus que l'insupportable pourrait partir en vacances, mais des gens, des gens avec des mots et des images, des portraits de Steve Biko, Geronimo, Mandela, Sitting Bull, Louise Michel, Franz Fanon, Patrice Lumumba pour faire écho à ce que l'affiche annonçait "Nous ne comptons pas sur eux, ils ne pourront plus faire sans nous".

Photo : B. Zon 


7.5.12

PÂLE EMPLOI
RÉSULTATS DES ÉLECTIONS

L'Empereur Napoléon IV (16 869 371 de voix dans l'urne soit 36,61% des inscrits)
vient d'être remplacé par le Cardinal François IV
(18 000 438 de voix dans l'urne soit  39,7% des inscrits)
(abstention + votes blancs et nuls : 11 203 356 soit 24,32% des inscrits)
Il n'existe pas de données officielles pour les non inscrits

« L'amour préfère ordinairement les contrastes aux similitudes. » Honoré de Balzac

6.5.12

ALLUMÉS DU JAZZ N°29

La  couverture signée Ouin est de saison


Vous pouvez vous abonner pour le recevoir :
Les Allumés du Jazz 2 rue de la Galère 72000 Le Mans - Tél 02 43 28 31 30
ou le télécharger
http://www.allumesdujazz.com/Journal_Tous_les_numeros_82/f 

1.5.12

LAISSEZ ENTENDRE LA VOIX DU PEUPLE


•Le premier mai ne célèbre pas le travail, mais ceux qui souffrent du travail
•Le premier mai fut décrété journée internationale des travailleurs à la mémoire des huit anarchistes - particulièrement impliqués dans la lutte pour l'obtention des huit heures - condamnés pour l'exemple dans l'affaire de Haymarket Square (4 mai 1886) qui fit suite à la répression sanglante par la police et les milices patronales (Pinkerton) de la grève chez McCormick de Chicago (1er au 3 mai 1886). Le 11 novembre 1887, au moment ultime de sa pendaison aux côtés de ses camarades August Spies, Adolph Fischer, George Engel (Louis Lingg s'était suicidé en prison), Albert Parsons prononça ses derniers mots "Laissez entendre la voix du peuple !"
•Le 1er mai ne serait être confisqué par les trois composantes de l'équilibre capitaliste :  la droite empoisonneuse et récupératrice, la gauche soustrayante qui a criminellement vidé de son sens le mot "socialisme" ou les néo-fascistes (arbitres-épouvantails dramatiquement agités et justifiés par les précédents pour leur propre régulation).
•Le 1er mai n'est pas la fête des pantins manipulés par des pantins, pas celle des sondages, des médias tricheurs, des petits arrangements et des grands profits, pas celle des déguisements, du renoncement, pas celle d'élections foncièrement anti-démocratiques qui tendent à réduire à néant tout esprit libre, pas celle de l'incompréhensible érigé en règle, de la majorité factice étouffant la vaste minorité, mais celle de tous les êtres encore épris de justice et d'amour.


Image : (dernières paroles de August Spies gravées sur sa tombe)