Willie Murphy a prévenu, il avait eu le blues le jour même et il n'y aurait pas de posture folky. Les deux sets, intenses, partagés au Black Dog hier soir, furent à la hauteur. Brèches, plaies, lézardes, déchirures, la beauté surgit du blues, liberté conquise dans la solitude et l'errance. Avec sa composition "Letter to a politician", Willie Murphy a aussi rappelé que la musique du Delta sait parfois être signe d'engagement, de contestation directe, insistant dans le second set en reprenant JB Lenoir (qui chantait que chaque enfant pauvre né dans le Mississippi était mort né, interpellait la misère sous Eisenhower ou incitait ses frères à ne pas aller au Vietnam). Besoin soudain d'une tranchée de douceur, non sans avoir cité Karl Marx arguant que la révolution serait possible lorsque le capitalisme aurait englobé toute la Terre "Nous y sommes presque !", il a aussi joué "It's a wonderful world", mais s'est refusé à la demande d'une auditrice le priant de chanter à la suite "Over the rainbow" ("It's not a good song for now") pour reprendre avec plus de rage encore, écorce de la dignité inconnue. Le blues, plus qu'une autre musique peut-être, contient le monde sous toutes ses facettes. Ce qui est lisible est obscur et ce qui est obscur est lisible.
Photo : B. Zon
1 commentaire:
la musique est bleue comme une éponge
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