Fille d'une mère qui pris la tangente (abandonnant un mari violent et alcoolique pour rejoindre un militant anarchiste ami d'Alexandre Jacob), Jeanne Humbert est l'une de ces inlassables militantes libertaires oubliées dont l'action a permis des progrès cruciaux des années après leur action. Née Rigaudin, Jeanne épouse Eugène Humbert, militant comme elle des droits des femmes, pour la contraception, pour l'avortement, pour la liberté sexuelle. Tous deux sont allés en prison pour ces luttes (Eugène sera incarcéré une nouvelle fois au début de la guerre en 1939 pour "propagande anticonceptionnelle"). Un autre anarchiste, coutumier de la prison pour son action anti-militariste (il y mourut en 1917 dans des circonstances non élucidées - suicide ou assassinat) Miguel Almereyda (état civil : Eugène Bonaventure Jean-Baptiste Vigo) demande à Jeanne d'être la marraine laïque de son fils, le futur cinéaste Jean Vigo. Elle consacrera plus tard un ouvrage à son filleul. Cette activiste féministe, anti-capitaliste et anti-fasciste a fait un séjour au pénitencier Saint Lazare où l'avait précédé Louise Michel. En 1934, elle connait un procès agité pour propagande anti-natalité, accusée de propager la grève du ventre contre la guerre que Marie Huot, Nelly Roussel et Séverine avait lancé avant elle (reprise en quelque sorte plus tard par la femme du président américain Franklin Delano Roosevelt, Eleanor, lorsque qu'elle dit "N'est-il pas parfaitement stupide que les femmes continuent à avoir des enfants si c'est pour les voir tuer"). Elle se réjouit qu'aucune femme n'ait déposé contre elle. "Nous ne sommes pas des tables de multiplication... Pour nous la maternité est un acte d'amour." Eugène Imbert meurt dans l'hôpital-prison d'Amiens, lors d'un bombardement le 25 juin 1944, à la veille se sa libération. La fin du régime de Vichy ne signifie pas l'accession aux droits pour lesquels se sont battus les Humbert ainsi que beaucoup d'autres, il faudra bien d'autres luttes pour que soient reconnus en France le droit à la contraception (1967 - loi Neuwirth) et celui à l'avortement (1975 - loi Veil). Les lois favorables ne portent que le nom du législateur, jamais de leurs inspiratrices et inspirateurs de longues dates. Question de droit de hauteur.
Jeanne Humbert disparait en 1986. En 1981, le cinéaste Bernard Baissat lui a consacré un portrait "Ecoutez Jeanne Humbert".
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