Le formidable disque de Stéphan Oliva simplement nommé Film Noir (paru chez Illusions Music* - catalogue majeur) fait le point expressionniste, sans heureusement éclaircir les situations, sur un genre de cinéma sans pareil, la marque d'un mouvement, les damnés de la terre aux prises de la solitude, de la trahison, du dépit, du meurtre. Dans le film noir le compositeur est lié au réalisateur plus que pour toute autre tournure filmique. Stéphan Oliva sait jouer cette profondeur offerte par l'incontournable inefficacité des idéaux, les points de non retour. Le pianiste a choisi de poursuivre sur scène sa démarche poétique et réaliste avec Philippe Truffault (le frère jumeau du Trufo de Kaspar et Trufo des Films de ma Ville**). Au festival Sons d'Hiver en février (Arcueil forcément), à la Dynamo de Banlieues Bleues récemment et hier soir à Paris, au Forum des Images, en conclusion du festival Mash Up, les traductions musicales d'Oliva (à partir de thèmes de John Lewis, Mancini, Waxman, Tiomkin, Rozsa, Herrmann, Raksin ...) redistribuent les cartes pour une sorte d'introspection parallèle des deux hommes. Philippe Truffault joue les images de Wise, Hitchock, Preminger,
Polonsky, Huston, Wilder, Laughton, Kubrick, Welles. Il les tord, cadre, recadre, décadre, ralenti, fixe, zoom, répète, accélère et la trinité vertige - angoisse - baiser y est prenante jusqu'au trouble. La musique s'y décrit par les visages troublés au rythme lourd des automobiles en mouvements multiples. Le duo efface en clair obscur les traces ou au contraire les révèlent ; les masques valsent et les transformations mixent passé simple et futur impossible en progression lente, mais étreignante. Une compréhension parfaite de la grandeur discrète, mais saisissante du langage du Film Noir.
*Illusions
**Les films de ma ville
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