Salut les ours !
Salut les chats !
Salut les bisons !
Salut les oiseaux !
Salut les tortues !
Salut les baleines !
Salut les pingouins !
Doucement les castors !
Enfants d'Espagne
1.3.15
VALÉRIE CRINIÈRE ET SES VÉHICULES
Lors de sa période chez nato (1990-1999), Valérie Crinière eut successivement deux voitures automobiles : une Coccinelle Volkswagen, puis une Renault 5 transmise par sa mère et restaurée par son père, grand amateur d'autos. Deux véhicules, sympathiques, accueillants, printaniers, de douce fantaisie et diablement efficaces. Elles lui allaient bien, ces deux chouettes bagnoles aussi petites que la cabine des Marx Brothers dans la Nuit à l'Opéra et aussi ouvertes à un mouvement incessant. Drummers de légende - Elvin Jones, Jacques Thollot ou Terry Bozzio - y ont voyagé comme quelques fers de lance d'une nouvelle génération bourrée de promesses, Noël Akchoté, Benoît Delbecq ou Guillaume Orti. Pas mal d'anglais bien sûr, Henry Lowther, Pat Thomas... Les Melody Four y firent leur come back en cinématographe pour Philippe Truffault ou les Films de ma ville. Valérie chantait les Demoiselles de Rochefort en se rendant au bureau de Jacques Perrin. Paris-Roissy, malgré un gros embouteillage et un temps trop court, Michel Doneda ne rata pas son avion. Il fut un temps aussi où la vaillante R5 accompagnait les artisans du disque Buenaventura Durruti pour se rendre au studio, Dominique Pifarély, Raymond Boni, Steve Argüelles, Carmen Alvarez, Carol Robinson, Beñat Achiary, Mark Sanders, Jean-François Pauvros, Kader l'Aktivist, Philippe Carles, François Corneloup, El Roto, Miguel Celma, Marie Thollot, Nathalie Richard, Violeta Ferrer ou Abel Paz, rejoignant d'autres conducteurs : Hélène Labarrière, Claude Tchamitchian, Sylvain Kassap, Didier Petit ou Jean-Jacques Birgé. Temps partagé avec celui du soutien aux sans papiers, d'après-midi de débats à la CNT. Montreuil et ses Instants Chavirés étaient un point de ralliement de musique, d'idées et de voyage d'où l'on pouvait partir pour l'Île de Ré, Niort, Lyon, Lille, Avignon, Bourges, Le Mans, Caen, Rennes, Marseille, Bayonne ou Florence.
Lors de la tournée L'écho des voix indiennes avec Tony Hymas et Barney Bush (grands habitués des voyages avec Valérie), suite à un très imprudent mouvement d'un camion contré par une maîtrise impressionnante de la conductrice, il fut moins une, chacun ayant retenu son souffle ; le poète indien dit "cela aurait fait un pâté intéressant : moitié français, 1/4 shawnee, 1/4 anglais" et tous de rire. Beaucoup d'histoires indiennes aussi, en route, tout au long de cette décennie avec Merle Tendoy, Edmond Tate Nevaquaya ou le Shawnee Nation United Remnant Band Drum. Bien d'autres hôtes ont séjourné dans ces adorables petits engins qui connaissaient les chemins de traverse, comme ces saxophonistes de la grande histoire Sam Rivers ou Evan Parker. Stéphane Ollivier et Thierry Jousse y tinrent débat à propos de Michael Powell un jour de remise de Palme à Cannes. Cinéma encore lors d'une virée à Tours à l'invitation de Bernard Aimé ou en neuf trois pour un tournage de Jean-Pierre Sinapi (qui lui confiera un petit rôle). Valérie, souvent accompagnée de son inséparable amie Tina Hurtis, faisait la navette entre moult endroits pour collecter des dessins de Pierre Cornuel, Cattaneo ou de Mœbius. Elle pouvait s'aventurer dans le brouillard des Alpes Mancelles pour récupérer des disques fraîchement pressés vers 3 heures du matin et les livrer à 9 heures à Olivier Gasnier qui recevait Jacques Thollot pour la sortie de son disque. Début 1999, Sons d'Hiver : moteur pour toutes sortes de transports d'Incontrolados, de flamenquistes (Miguel Linares, Joaquin Escudero, Sharon) et de rappeurs (Kabal, Spike). Tant de rencontres, de rires, d'émotions, d'épisodes entre terre et mer, d'Island Songs de Mike cooper, le fil des jours, habitat de l'imaginaire. Ce que l'on veut beau.
Valérie cherchait du côté de la beauté, elle avait le sens fécond du voyage, comme en attestait sa jolie conduite, sa conduite de vie. Elle savait que notre tout est là : les voyages concernent la vie, ils facilitent une partie de ses lignes poétiques, la révélation du réel (et ses petites expulsions), mais pas d'un absolu dont nous n'avons que faire. Les voyages sont des fragments pour dire un peu de tout, tenter de l'assembler, sentir le vent de la vie elle-même jusqu'au désir, un vent d'une vivacité fulgurante, la liberté en situation.
La route des archipels à relier ? Une relation dont Valérie connaissait bien le simple secret, une formule aussi ancienne que l'humanité mais que le plupart de nous tanguent à ne plus trop savoir.
Photo de Valérie et sa Coccinelle : JR
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