Lors d’une seconde et riche soirée de Sons d’hiver 2017, 100
ans après l’arrivée de James Reese Europe en Europe, 100 ans après la prise du
Palais d’Hiver, 100 ans après la boucherie Nivelle, 100 ans après la naissance
de Lena Horne et à quelques secondes d’un présent du dehors dont les contours
angoissants cachent souvent la sève impatiente, le duo multipistes de la chanteuse Claudia
Solal et du pianiste Benjamin Moussay offre un singulier aveu de la
perception de l’être à l’ouvert, à l’encore ouvert. Musique qui fait suite au
chaos, qui précède le chaos, musique des arbres pensifs qui a repéré une brèche possible pour dire
la profondeur des entrecroisements à vif, des alchimies des luttes intérieures
et de leurs infinies tendresses. Sur la grande scène de la Cité Universitaire
du Boulevard des Maréchaux, les deux ménestrels, en une sorte de danse qui pose
avec une délicate fermeté, son espace, sa précise définition, l’attention à
l’autre, livrent une série de chants qui portent leur mémoire et ses gestes
annonciateurs. Inutile de dire la même chose pour être si bien ensemble, c’est
bien vu et ça n'empêche pas de bien nommer. L’on est troublé devant tant de pétillant à-propos parvenant à mêler
cette retenue surgissant de l’invisible à la franchise libre des sentiments. Moment
rare de cendres et de semences. À l’entracte, quelqu’un s’interrogeait « Mais quel genre de musique est-ce
donc ? » Un indispensable morceau de vérité tout
simplement !
Photo : Léda Le Querrec
Photo : Léda Le Querrec
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