Schématiquement, il existe deux types d'albums discographiques, ou plutôt deux volontés d'albums discographiques : les disques documentaires et les disques de fiction, les uns suivent les artistes à la trace, les autres empruntent à l'empreinte unique. Et puis, il en est d'autres qui ne se résolvent à rien, ou plutôt à tout, des albums-échappées qui se logent dans la vie comme autant de nouvelles, de romans de crier gare. Ils sont le pas ralenti quand tout s'affole ou au contraire le point d'empressement quand tout stagne. Ils n'ont que faire de s'inscrire dans la feria des disques cultes, ni dans quelque course que ce soit, ils sont le pouls de la métaphore, l'ombre qui s'estompe dans la lumière d'une minute privilégiée. Le nouvel album de Quentin Rollet et Eugene Chadbourne, au titre parfaitement palpable Recorded yesterday and on sale today, en est l'adéquate illustration. Il arrive à point. C'est d'ailleurs l'une des grandes qualités de Quentin Rollet d'arriver à point, d'improviser en pleine forme dans l'improvisation trop visée, de former la déforme et, comme artisan sur toute la ligne, du saxophone à la production, de pulvériser les genres. Cinq albums discographiques récents, cinq nouvelles donc, aux pochettes avenantes, publiés par reQords, en sont l'ardente illustration ; l'initiale au milieu du nom, une façon d'animer au-delà du jeu, de loger l'empreinte sans la rendre catégorique. Tout électrise, (s')amuse, farfouille, fusionne, carde, tourmente, signale, insinue, mystifie, démystifie et hop ! relance. Keep rolling Quentin !
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