Dans le groupe du pianiste Charles Bell, le batteur Allen Blairman fit équipe avec le contrebassiste Ron Carter ; dans les quintets et trios du pianiste Mal Waldron, il fit corps avec les bassistes Isla Eckinger ou l'ellingtonien Jimmy Woode. Ce Pittsburgher, vétéran discret du nouveau jazz des sixties, s'était installé en Allemagne. Là, on pu l'entendre spécialement dans les disques Enja du vibraphoniste Karl Berger, ou du tromboniste Albert Mangelsdorff. Où plus tard, autre champ, avec le guitariste Biréli Lagrène.
Mais c'est parce qu'il fut le batteur des fameuses nuits de la Fondation Maeght du saxophoniste Albert Ayler à Saint-Paul de Vence, les 25 et 27 juillet 1970 (dont on parle tant en ce moment avec la superbe édition intégrale en 4 CD chez Elemental Music), pharamineuses envolées testamentaires, que l'on a - parfois - retenu son nom. C'est justice tant ces nuits représentent un des moments les plus rares, les plus espéristes, les plus engageants, les plus dégagés, les plus généreux, les plus anagogiques, les plus terrestres, les plus réconciliateurs, les plus imbattables, de l'histoire du jazz. C'est injuste car on ne saurait réduire la vie d'un être à un seul moment, fut-il le plus beau. À 82 ans, habitant d'un village limitrophe des bop, free, funk, Allen Blairman nous a quittés. Il n'avait cessé de jouer hors des frontières de l'oubli (avec Olaf Schönborn par exemple).
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