Le cinéma s'angoisse de sa disparition possible, alors certains films (Spielberg, Mendes...) surlignent ses étranges capacités à porter une incomparable beauté que ne saurait remplacer aucune high tech refoulant les êtres vers une stérile domesticité. Mais mieux encore lorsque le cinéma, passant sur son autocélébration en compréhensibles s.o.s., poursuit sa quête originelle, propose un petit quelque chose de neuf, une façon de se resituer dans l'existence, une autre manière de récit dont lui seul détient encore les secrets. La Montagne, deuxième long métrage de Thomas Salvador, offre cette impression. Le film vibre de sa propre instabilité, il cherche sa vérité, sa beauté, en même temps que son interprète, en même temps que nous. Il découvre, nous découvrons et comprenons que comme les roches des montagnes, nos vies ont besoin de fragiles glaciers soudeurs. Il nous pense assez grands, ou assez enfants, pour comprendre que le réchauffement climatique est une infinie catastrophe, sans panoplie d'accents forts, que le corps se pense, que la pensée a un corps et des vérités minérales. Et nul autre que Thomas Salvador ne pouvait interpréter ce que son film inspire de sensibles parallélismes, de vertiges abruptes et distingués, de bras éveillé et d'amour discret ; Louise Bourgoin toute en décidée lumière douce.
Photo © Le Pacte
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