Salut les ours !
Salut les chats !
Salut les bisons !
Salut les oiseaux !
Salut les tortues !
Salut les baleines !
Salut les pingouins !
Doucement les castors !
Enfants d'Espagne
12.7.07
BLACK DOG PARTY ... YES FREE !!!
Sans le Black Dog, le coeur de St Paul battrait différemment. Ce chien noir conduit par le gang Remke n'est pas un de ces lieux branchés qui fleurissent et fanent dans les métropoles modernes en affichant une clientèle au look unique, mais un lieu d'échanges possibles entre des gens fort divers qui s'y retrouvent libres. Dans l'Amérique post 11 septembre 2001, c'est sans délai un des rares endroits de la capitale du Minnesota où l'on peut parler et apprendre librement, on vient y voir le dimanche soir des films expliquant la première guerre du Golfe, la conférence de Michael Ruppert, les dessous de la politique étrangère US, on y trouve les textes de Noam Chomsky, Robert Fisk, Howard Zinn, la revue Arise (de la librairie du même nom à Minneapolis), les fanzines fabriqués à l'unité, et on se retrouve chaque semaine sur ces sujets. Les artistes contre la guerre, poètes, peintres, musiciens y font vite un endroit d'expression, les syndicalistes et féministes et autres pacifistes aussi. Et puis au Black Dog, on apprend aussi le tango, on disserte sur les pensées de Socrate, on goûte les bons vins de France et d'ailleurs, on joue aux échecs, on parle en Français autour d'une table le dimanche, on vient écouter Fat Kid Wednesdays ou Anthony Cox, voir les dessins d'Andy Singer ou boire une bonne Lorina accompagnant les mets de la place. Notre festival Minnesota sur scène y a son QG et y termine chacun de ses festivals par quelque jam session savoureuse et inoubliable. Le Black Dog est un endroit pour voisins et amis où l'espace s'ouvre simplement.
Le 8 juillet, ce bon chien noir organise sa première Free Block Party, l'affiche est alléchante, quelques têtes de la richissime scène des Twin Cities et quelques artistes en devenir comme l'on dit. La veille, de l'autre côté du Mississippi, Prince a fait son grand show en trois stations. Le 8 juillet, la chaleur estivale est à son comble, 40 degrés, et la pluie se fait désespérément attendre. Le bulletin météo ne l'annonce pas avant plusieurs jours. Le Black Dog avec la complicité des services culturels de la ville de St Paul a bloqué Prince Street où se tient la scène puis tout à coup, avertissement ! Un tourbillon de vent soudain fait s'envoler les tentes et moultes papiers soigneusement disposés. Inquiétude ! Les nuages s'ammoncellent, noirs et lourds. A 15h05, l'orchestre A Damno Divine entre en scène. Le public est déjà nombreux, partageant son attention entre les reprises des Doors et le ciel menaçant. Les quatre musiciens jouent en ignorant tout bulletin météo. Ca leur réussit puisque ce n'est qu'à la fin de leur set que le tonnerre gronde et les éclairs fendent le ciel. L'équipe son coupe immédiatement l'électricité. Pas question de courir le moindre danger. La pluie s'abat sur St Paul et tous sont alors à la recherche des meilleurs prévisions météo. Le sonorisateur n'est pas chaud pour continuer. Si le temps s'arrange, on jouera plus tard, mais les flics de service ne l'entendent pas ainsi, le permis n'est valable que jusqu'à 21h15. Joe Spencer, jeune attaché culturel de la ville, intervient. Les flics ne le prennent pas au sérieux et il lui faut se justifier. Finalement après négociations, permission est accordée de finir plus tard. Mais les nouvelles sont mauvaises et le sonorisateur annonce une série d'orages, ce qui est démenti par un spectateur qui dit que les orages passeront plus au nord. Le spectateur demande à l'ingénieur d'où il tient ses infos. "Fox News" ! L'autre en riant dit "Alors il va faire beau". Mais un coup de tonnerre emporte les frêles velléités de continuer sur Prince Street. Pourtant le spectateur aura raison car les orages suivants passeront effectivement au nord. Que faire ? Le public n'est pas parti, il s'est massé au Black Dog, sous les porches et dans les galeries d'art voisines. Mieux il ne cesse d'arriver. Desdamona, princesse du hip hop propose d'improviser un set à l'intérieur du café pour voir venir. Ill Chemistry (Desdamona et Carnage) se mettent immédiatement à l'oeuvre. Magique ! Alors que des championnes de hula hop s'exercent sous la pluie, Sara Remke, organisatrice de l'événement a une idée pour sauver la journée. Elle appelle Four Station, un club à deux pas du Black Dog, pour demander s'il accueillerait la Block Party. C'est d'accord, les relations de bon voisinage sont essentielles en pareil cas. Déménagement rapide des musiciens et du matériel. Le public se presse à Four Station, club plutôt dédié au heavy metal qui en verra d'autres. Il fait déjà très chaud. L'installation va très vite. L'équipe du Black Dog est affairée d'un lieu à l'autre. Ca court vite. Et le groupe Hmong deuxième génération, Delicious Venom, commence un set torride où s'entrechoquent guitares violemment saturées, batterie coléreuse et rap intransigeant de ces enfants trop souvent oubliés. Ill Chemistry a rappliqué et pendant les changements de plateau, annonce les groupes suivants. Chacun de ces minisets est une perle. Carnage est la beatbox humaine dont les rythmes portent les mots de Desdamona. Ensuite, c'est au tour de Black Blondie, groupe en vogue dont l'une des deux chanteuses, Sarah White, vient de partir à New-York emportant avec elle un peu de l'originalité de l'ensemble.Mais la présence de Liz Draper (basse), Tasha Baron (claviers), Samahra (chant) et leur compère Kahlil Brewington (batterie) se rattrape aux branches de ce jeune arbre triphoppy jazz d'un modèle unique.
Jelloslave avec JT Bates en invité ne jouera pas pour raisons techniques, leur set est reporté à une date ultérieure au Black Dog. Il fait de plus en plus chaud à l'intérieur et il faut servir à la hâte de l'eau aux spectateurs coincés aux premiers rangs et qui pour rien au monde n'abandonneraient leur place. Le DJ du New Congress introduit le groupe avec une série de discours politiciens détournés dont un de l'inénarable président Bush, tournés en vrille ridicule. Le groupe, qui a déjà fait les premières parties des garants du Minneapolis Funk Sound, Prince et de Mint Condition, connaît une ascension rapide et sur ce même terrain fait sensation. C'est compréhensible de suite. Stokley Williams est venu écouter l'orchestre, son compère, bassiste de Mint Condition est avec New Congress pour l'occasion. Lorsque New Congress invite Desdamona, puis Carnage, puis un rappeur West Coast de passage en ville, la soirée prend un tour nouveau. Tout le monde en est conscient. Ca vire au très grand.
Et alors, ça ne fait que monter. Los Nativos, premier groupe de hip hop hispanique, formé de trois animateurs actifs du quartier mexicain de St Paul (West St Paul) et soutiens indéfectibles à la cause zapatiste, fait son entrée. Ici pas de bidon, Los Nativos est vraiment la voix d'une population. Ils chantent ce que tous portent au quotidien. Solide espoir garant de la boussole de la vie sociale, Felipe Cuauhtli (dont la mère est dans la salle, c'est la première fois qu'elle vient entendre son fils et c'est sensible), Xilam Balam Ybarra & DJ Tekpatl savent leurs racines indiennes, leurs appartenances humaines. Ils connaissent leurs luttes sur le bout des mots, les mots en harmonie avec les faits (ce n'est pas si fréquent n'est-ce pas). Dans la salle, des Mexicains qui vendent des brochures zapatistes, du café du Chiapas,des jeunes hispaniques de West St Paul aussi, heureux de leurs porte-paroles.
Puis dans la chaleur tropicale du lieu, en compagnie de DJ BK One et de Toki Wright, si attendu après une tournée de trois mois, le désormais très populaire Brother Ali, dont le dernier disque, The Undisputed Truth est salué comme un acte régénérateur du hip hop. Ali est avec. Des ténèbres, il a su sortir la beauté. Les maux compris forment mille rivières, la compréhension de l'être pulvérisé génère les mots signifiants. L'expérience parle. Et le poing levé, l'assistance comprend trop bien son "God Damn Uncle Sam". Les mots ignorés vivent. Ali serre généreusement son bonheur. Il a trouvé le passage qui va de la beauté à la vérité.
Il est une heure du matin lorsque les lumières s'éteignent. Une spectatrice commente : "Ce jour, nous ne l'oublierons pas". Les lumières, parfois, ne pâlissent jamais.
Texte : Jean
Photo : Bryan Aaker
Lire aussi : Article in City Pages
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5 commentaires:
A la lecture de ces mots je ne peux formuler qu'un seul regret, celui de ne pas avoir pu partager ces moments qui "vont de la beauté à la vérité"
“Méfie-toi de ceux qui confondent l’éclairage et la lumière.”
Tonino Benacquista
“Quelqu’un d’autre”
It looks good ? What does it all say ?
Oui je etais la et ca etait super veritable.
Le disque de Brother Ali sera-t-il disponible en France ?
Le hip hop des Rhymesayers est peu connu en France et il est temps que ca change.
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