Salut les ours !
Salut les chats !
Salut les bisons !
Salut les oiseaux !
Salut les tortues !
Salut les baleines !
Salut les pingouins !
Doucement les castors !
Enfants d'Espagne
27.9.09
IMBERT IMBERT : HOMME DE LACS
"Ils remplissent leurs centres
de ce qui nous reste au ventre
et puis qui s'évapore,
dans les égouts de la vie
par la paralysie,
la raison de ta mort."
Les mots de cette chanson d'Imbert Imbert ("Aux larmes de ta mère") sonnent de grand corps au moment où les matamores de l'"Ensemble tout est possible" qui ne concerne que quelques uns (exemple qui parcourt l'ignorance de l'histoire) chassent les habitants d'une jungle délaissée - pas de quartier : pas de Calais -, au moment où dans la cité des hommes d'acier, se réunissent les grands de ce monde (car nous sommes petits) pour de nouvelles entourloupes de plus en plus faciles et présentables, au moment où le fantôme de Jim Crow s'active aussi à nouveau...
Oui, les mots d'Imbert Imbert et les traits de sa basse compagne sonnaient fort au Black Dog où il offrait une première étasunienne en forme d'au revoir après le mixage de son second album. S'il n'est jamais simple de se produire devant un auditoire anglo-saxon dans une langue étrangère, quelque chose s'est passé en cette soirée du 23 septembre qui concluait la réalisation de Bouh ! aventure concrétisée en quelques sites de légendes : Pigalle, rue de Seine à Paris, les bois de Meudon, Nicollet avenue à Minneapolis. L'affaire de la langue pouvait rappeler comment un jeune chanteur du coin devenu Bob Dylan avait, de l'autre côté, sût captiver un auditoire qui ne le comprenait souvent pas littéralement avec une poésie sophistiquée. Les mots d'Imbert Imbert sont de physionomie secrète mais assurée, parfois changeante. Ils connaissent leur tables de multiplication à la pointe du coeur. Les arrêts sont provisoires et la route est sans fin ; ses courbes indissociables d'une basse qui tisse des lignes robustes et parfumées dessinent nos corps et nos reflets. Impossible de ne pas s'y voir.
Imbert Imbert ne se dérobe pas et c'est ainsi qu'il a réussi ce réputé difficile exercice du public "étranger", par une invitation à la prospection de ce qui nous constitue ensemble. À l'issue du second morceau, le contrebassiste Brian Roessler, assis au premier rang, se retourne et lance avec ses grands yeux écarquillés un "C'est fantastique !" résumant au plus juste ce que tout le monde pensa ce soir-là.
Photo Imbert Imbert avec Jacqueline Ultan invitée du disque qui compte aussi Benoît Delbecq, Bruno Chevillon, Pascal Corriu, Frédéric Jean, Michelle Kinney, Pablo Cueco, Janick Martin et Klaus Blasquiz (sortie février 2010 - L'Autre Distribution) : B. Zon
22.9.09
L'AUTOMNE APPARAÎT
Aujourd'hui c'est l'automne et l'automne contrairement à une idée répandue occasionnant tant de malentendus n'est pas la fin de l'été, mais est l'été, été en devenir d'être. L'automne est donc la saison des êtres, celle des humidités révélatrices qui ont les moyens de chasser les faux semblants grillés, développer les recettes de la délicate ivresse des sens, les allées de confidences qui brouillent les pistes assassines, et aussi calmer les anxiétés du coeur et décupler la créativité des sens... à condition d'être.
Bon automne !
Photo B. Zon
21.9.09
RECORDS FOR DEAN MAGRAW
Chers amis,
Certains d'entre vous connaissent sans doute Dean Magraw, guitariste des Twin Cities qui fait partie du groupe Next de François Corneloup. Dean est atteint par une leucémie et de ce fait nécessite des soins nombreux, urgents et onéreux. Le système de santé de son pays ne permet pas (encore) la couverture de ces soins. Dean est aussi un militant qui s'est battu pour que les choses changent.
Aussi, comme cela se pratique souvent aux USA pour les musiciens, ses camarades organisent concerts de soutien et autres opérations d'entre aide (fundraisers). Nous organisons une de ces soirées en vue de l'aider, au Black Dog, café de St Paul (Minnesota) qui a un lien fort avec de nombreux musiciens locaux et de France. Cette soirée intitulée "Records for Dean" sera une vente de disques de diverses provenances offerts par des labels, des musiciens et des particuliers. Des musiciens joueront aussi ce soir là pendant la vente.
Nous avons demandé au Bureau des Allumés du Jazz (association qui s'est illustrée dans d'autres opérations de solidarité) qui a immédiatement donné son accord, si l'association pouvait centraliser les dons de disques de France pour les envoyer ici dans le Minnesota.
Il suffit de les adresser avant le 1er octobre à :
Valérie Crinière
Les Allumés du Jazz
128 rue du Bourg Belé
72000 Le Mans
tél : 02 43 28 31 30
e-mail : valerie.criniere@orange.fr
Cette opération est ouverte à tous les labels, de tous styles, à tous les musiciens, les particuliers, à tous ceux pour qui les mots santé et solidarité comptent.
Amitiés,
Jean
*
Photo : Z. Ulma
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Valérie Crinière
19.9.09
MILES AHEAD
Un disque est une aventure collective, une ruche pourrait-on dire. Il existe une population, pourtant indispensable, qui n'a que peu les honneurs des maîtres galiéristes de la musique : les assistants des studios. Leur vigilance prévient des défaillances, leur gentillesse encourage l'accueil, leur compétence (futurs ingénieurs à l'affût de tous les angles) procure le soutien juste.
Nous avions découvert Miles Hanson lors de l'enregistrement du Next de François Corneloup à Creation Audio, studio de Steve Wiese à Minneapolis. Nous l'avons retrouvé lors de séances avec Taj Mahal, Didier Petit. Ou, cette semaine, lors des séances de mixages du Bouh ! d'Imbert Imbert à Creation dont Miles, désormais compagnon régulier de Steve Wiese est nouvel habitant. Des images viennent en tête : cette vitalité qu'apporta le jeune Tony Williams à un autre Miles par exemple. Cette complémentarité est aussi ici possible par la confiance de Wiese, homme d'oreille et d'ouverture. Et ce passage de témoin qui ne va pas dans le seul sens supposé du passé vers le futur, mais dans un mouvement bien plus enrichi, circulaire avec toutes les échappées possibles. Il est des personnes aidant à dépasser le stade de l'entrouvert où la course n'est possible qu'à la limite trop restreinte de l'ombre et de la lumière, des personnes de retours confiants de l'ouvert, de voyages en terres matinales où l'on peut voir le printemps. Miles Hanson est de celles-là et sa présence auprès de Steve Wiese, loin du hasard.
Steve Wiese
Micros Grande
Chanson de gestes collectifs
Photo B. Zon
16.9.09
14.9.09
SOMETHING SWEET, SOMETHING TENDER
L'issue du concert de Fantastic Merlins au Black Dog samedi dernier donna lieu à une conversation indiquée à propos d'Eric Dolphy initiée par un heureux spectateur. Ce n'est pas si fréquent. Moment plus qu'estimable donc, après un concert qui ne le fut pas moins.
Photo (hier) : Blue Note
Images qui bougent (aujourd'hui) : B. Zon
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13.9.09
LA MUSIQUE NATURE DE DESDAMONA
On l'aura compris, la scène hip hop des Twin Cities a sa différence (voir récemment les exemples du festival Soundset ou la sortie de Rebellion Politiks de Junkyard Empire). Et cette différence est pleinement assumée grâce à la présence (et le mot n'est pas trop fort) de Desdamona, lien entre toutes les écoles, entre toutes les familles, entre tous les groupes (on l'a vue en impromptu avec Nathan Hanson et Brian Roessler au Black Dog il y a une semaine). Oui Desdamona, femme d'unité, possède cette force liante qui sait que sensibilité et connaissance s'enlacent sur les crêtes. Hier, elle se produisait au festival Concrete and Grass de St Paul avec un ensemble d'exception : Russ King aux claviers, Jeff Bailey à la basse, Barry Alexander à la batterie, un couple de choristes dont Stephanie Devine et son intense compagnon d'Ill Chemistry, Carnage. Pour Desdamona, le bonheur n'est pas affaire de preuve, elle s'adresse premièrement aux enfants, les adultes suivront, ils s'approcheront de plus en plus de la scène. Les invitations de Desdamona sont fermes et sensibles et ses commentaires prennent des airs d'éclairs. Tout est terre, coeur, action et corps, tout est réponse de grands voisinages lucides et déterminés. On change d'angle de vue : la poétesse et le monde peuvent s'entendre, on n'est plus dans le divorce. Mais s'entendre pour terminer l'ignominie et se reprendre. La femme magnifique nomme et dépasse. La danse est pugnace et son passage un grand vent soul. Au centre du set, Ill Chemistry, duo avec Carnage ; et nous voilà palpant, respirant les beautés minuscules qui, en groupe, font l'humanité certaine et qu'on ne sait d'habitude pas voir. Desdamona et Carnage sont à la porte d'un monde possible et animé. Ils en détiennent les clés graciles, elles vont jusqu'au plus loin du nous perpétuel.
Images : B. Zon
À lire sur le glob :
L'éléphant conte les chiens noirs
Black Dog Block Party... Yes Free
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Black Dog,
Ill Chemistry,
Junkyard Empire,
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5.9.09
JUNKYARD EMPIRE & FRIENDS :
REBELLION POLITIKS
Pour la sortie de leur nouveau disque Rebellion Politiks, le groupe Junkyard Empire, de retour de Cuba, avait invité, au Cedar de Minneapolis ce 4 septembre, quelques-uns de ses camarades à partager la soirée : le trio Samosa, Carnage, Guante, RDM (d'Abstrack Pack) et le journaliste d'exception Dahr Jamail. Jamail fit un exposé des plus éloquents sur la situation de l'armée américaine rongée par les tentatives de désertion et les actes de désobéissance de plus en plus nombreux (maintenus sous silence avec l'assistance facile des "grands" médias). En Irak bien sûr, mais aussi et surtout présentement en Afghanistan, guerre supposée "juste" adoubée par le sinistre OTAN, mais dont les fondements sont aussi abjectes et intéressés que ceux qui présidèrent à la farce tragique d'Irak. On lira son article paru le 13 août dernier (ZMag) intitulé Le suicide des Etats Unis, on lira aussi le site de ce journaliste qui donne un sens inespéré à une profession qui n'en a plus guère (Dahr Jamail Mideast Dispatches).
Guante ("être conscient est loin d'être suffisant"), Carnage et RDM apportèrent à cette soirée de lancement de la politique rebelle (et chez eux ce n'est pas qu'un titre prétendant) de Junkyard Empire, la grâce explosive nécessaire à l'accomplissement de ce qui ne pourra plus attendre. Les mots et la musique de Junkyard Empire sonnent comme un départ que l'on ne saurait ajourner davantage : ce qui hante soudain converti en souffle.
À écouter :
Junkyard Empire : Rebellion Politik (MediaRoots Music)
Guante : El Guante's Haunted Studio Apartment (Tru Ruts - Speakeasy Records)
À lire :
Dahr Jamail : The Will to Resist - Soldiers Who Refuse to Fight in Iraq and Afghanistan (Haymarket Books)
Sur le Glob
Blog de Junkyard Empire
Images : B. Zon
Libellés :
Junkyard Empire,
Musica
3.9.09
3 SEPTEMBRE
Il y a 70 ans précisément, ce n'était pas la guerre de 70, mais celle de 39, multiple d'infernales atrocités. Il y a 39 ans, c'était celle du Vietnam, multiple de conséquences abjectes, qui battait son plein avec l'invasion du Cambodge par les troupes américaines et sud-vietnamiennes.
Albert Einstein interroge Sigmund Freud en 1933 "Pourquoi la guerre ?", le psychanalyste un peu démuni répond : "Tout ce qui travaille au développement de la culture travaille aussi contre la guerre". De 1933 à plus tard, les autruches, incapables de saisir La soupe au canard, laissent s'installer (favorisent) l'immonde en Allemagne, en Espagne, en Italie... pour très loin. L'immonde n'est rien sans soutien, sans laisser faire, sans abolition de la créativité. Elle seule - et ses niveaux sont simples et nombreux - permet en peut-être la compréhension de l'autre et l'invalidation des déchirements meurtriers.
Pendant les atroces pendaisons de Tulle le 9 juin 1944, un groupe de SS accompagné d'employées allemandes à la manufacture d'armement, vide de bonnes bouteilles à la terrasse du café Tivoli au son d'un phonographe. Qu'entendent-ils ? Les témoignages ne le disent pas. L'horreur de ce qui est en train de se passer avale tout.
Qu'avons-nous réellement retenu qui pourrait endiguer tous les exils en cours et l'exil intérieur est massif, qui pourrait abroger la séparation galopante entre la vie et l'être, qui pourrait restaurer à tout jamais au-delà de l'enfance la curiosité insatiable des enfants, qui pourrait gripper les machineries du vide où l'être se perd dans les camps d'un écran qui ne reflète que des nombres, qui pourrait rire de la peur pour qu'elle s'en retourne avec ceux qui nous l'infligent ?
La pensée et les gestes, lorsque dissociés, parfont la détestable survie, antichambre de la mort, lorsqu'assemblés en amour, donnent la vie où il y a tant à partager pour toutes et tous.
Détail de l'Opéra de Vichy où les parlementaires français ont voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940, photo : B. Zon
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Guerre
1.9.09
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