AMY GOODMAN, NOAM CHOMSKY, ALICE WALKER, NAOMI KLEIN ET ANTHONY ARNOVE : À PROPOS D'HOWARD ZINN

À lire sur Zmag.org, la transcription de l'émission d'Amy Goodman consacrée à Howard Zinn dans l'émission de radio Democracy Now. Ses invités sont Noam Chomsky, Alice Walker, Naomi Klein et Anthony Arnove. En Anglais.

HOWARD ZINN

Il est difficile d'accepter la mort de personnes actives, transmettant sans cesse cet impératif besoin d'action. On ne saurait déléguer en la matière, mais bien transmettre en faisant nous-même. Howard Zinn s'est éteint hier à Santa Monica. L'auteur de Une histoire populaire des Etats-Unis avait donné sa parole pour vaincre les ténèbres.

Né en 1922, ce fils d'immigrés juifs de Brooklyn participe, à l'invitation d'un copain communiste, à sa première manifestation à Times Square à 17 ans ; il est choqué par la violence policière. Antifasciste convaincu, il s'engage dans l'US Air Force en 1943 pour vaincre le nazisme et participe aux bombardements de Berlin puis, celui largement désolant - et du point de vue de "stratégie militaire", inutile - de Royan (première expérience d'utilisation du Napalm) et comprend qu'autre chose se joue. Résolument devenu anti-militariste, il retournera à Royan rencontrer les familles touchées et travailler sur les archives. Son combat contre l'injustice sociale et la guerre devient alors permanent. Titulaire d'un doctorat d'histoire en 1956, le voilà professeur. Il encourage ses élèves (dont Alice Walker) et les aide à organiser de nombreuses manifestations anti-ségrégation. Son activité s'intensifie pendant la lutte pour les droits civiques. Il est renvoyé pour insubordination. Son article critiquant l'administration Kennedy pour son inefficacité à protéger les noirs est très mal reçu. Il s'engage fermement dans la lutte contre la guerre du Viet-nam aux côtés de Noam Chomsky et Daniel Berrigan. Cet engagement est renouvelé contre la politique étrangère trouble des USA et contre toutes les guerres jusqu'à celles d'Irak et d'Afghanistan. Il sillonne inlassablement le pays terrifié à des moments où cette opposition est loin d'être une mode. Et ce grand admirateur d'Emma Goldman insiste toujours sur le fait qu'aucun changement ne peut arriver par les politiciens, mais seulement par nous-mêmes, ce qu'il a fréquemment rappelé pendant et après l'élection d'Obama.

Son Histoire populaire des Etats-Unis fera date, c'est le premier livre d'histoire sociale sur le pays qui articule tous les mouvements de l'intérieur avec une compréhension de la politique étrangère des Etats-Unis d'Amérique.

Howard Zinn condamnait la neutralité, il croyait, par un encouragement de tous les instants, à l'engagement total, à la désobéissance nécessaire, à la création collective d'un autre monde. Rencontrer à plusieurs reprises cet être modeste et lumineux à l'issue de ses conférences - qu'il a tenues avec une fréquence étonnante jusqu'au bout - contre les guerres d'Afghanistan et d'Irak fut à chaque fois un moment de grande stimulation. Il avait apprécié le disque Buenaventura Durruti et approuvé l'idée d'un projet du même esprit inspiré par son livre. Nous avons commencé la réalisation de ce projet avec Taj Mahal.

Notre futur ne peut nous être confisqué, il nous appartient. La parole d'Howard Zinn porte loin, elle nécessite aujourd'hui plus encore le relais de notre propre parole et de nos actes libres et humains.

À lire sur le Glob : Toutes les paroles ne sont pas écrites sur l'eau"

Bibliographie :
- Une histoire populaire des États-Unis. De 1492 à nos jours Agone, 2002
- « Nous, le Peuple des États-Unis… » Essais sur la liberté d’expression et l’anticommunisme, le gouvernement représentatif et la justice économique, les guerres justes, la violence et la nature humaine Agone, Marseille, 2004
- L’Impossible Neutralité,, Agone, 2006.
- En suivant Emma, Agone 2004
- Voices of a people's history of the United States Howard Zinn et Anthony Arnove Seven stories press, 2009

Les Allumés du Jazz (numéro 8 - 1er trimestre) avaient publié son article Choeur contre la guerre

Photo : B. Zon (Zinn à Paris le 2 juin 2008)

VARINIA

Le passage de Los Incontrolados à la médiathèque de Villeurbanne le 17 octobre 1997 fut précédé d'un intéressant débat avec Abel Paz (auquel Stéphane Cattanéo fait référence dans son commentaire de l'article : Les amitiés d'Abel Paz). À un jeune homme qui lui demandait pourquoi être révolté, le biographe de Durruti répondit par une autre question : "Tu sais pourquoi Spartacus s'est révolté ?" et après un silence accompagnant un léger embarras du garçon : "Parce qu'il était amoureux !".

Jean Simmons qui tint le rôle de Varinia, l'esclave gauloise dont Spartacus était épris dans le film de Stanley Kubrick, s'est éteinte avant hier.

HOW THE LIGHT GETS IN CHOISY

Le 8 janvier dernier, Fantastic Merlins avec Kid Dakota jouaient au Black Dog à St Paul (le lieu où l'idée de How the light gets in a germé un soir où il fit bon parler), puis le lendemain sur l'autre rive du Mississipi au Kitty Cat Club de Minneapolis les premières de la version de scène d 'How the light gets in avant de lever le voile à Sons d'Hiver le 5 février prochain au théâtre de Choisy le Roi.
Le disque sort le 8 mars.

Photos : DR

PLAY LIST DU JOUR DE L'AN

Quatre titres pour commencer l'année :

"Delivrance" par Eric Weissberg
"Think" par Aretha Franklin
"We gotta live together" par Jimi Hendrix
"Conspiracy to riot" par Sage Francis

Photo © Emme Interactive