Disques et concerts sont des lieux de passage.
Tony Hymas
(piano), Chris Bates (contrebasse) et JT Bates
(batterie) se sont rencontrés en 2004, lors d’une fameuse jam session au Black
Dog, un café de St Paul, capitale du Minnesota. Un désir était né.
Lorsque, 11 ans plus tard, ils
poussent pour la première fois cette Blue
Door (1), Hymas the Bates Brothers s’affirment instantanément hors des descriptions
catégorielles, des académismes réducteurs. Pourtant il s’agit bien d’un trio de
jazz. Oui c’est sûr, mais une idée
du jazz, du musical, de la poésie, nécessairement réceptive aux vibrations du
monde, nourrie par elles, qui propose sa petite pierre pour construire un
endroit espéré meilleur.
Le jazz en fut, il doit en
être.
La musique est affaire de
traces présentes, tendues, fiévreuses, de fragments de réalités conjugués. Aujourd’hui
les trois hommes prolongent ce qui a été énoncé lors de l’enregistrement de Blue Door. Ainsi il y aura quelque
nature à les entendre maintenant reprendre presqu’instinctivement deux hymnes
de résistance actuelle et donc de liberté : « Punk Prayer » des
Pussy Riot (les chanteuses Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina sont dans
les sinistres prisons de Poutine pour « vandalisme motivé par la haine religieuse ») ainsi qu’une des
chansons phares des opposants à la construction de l’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes, « Notre Dame des Oiseaux de fer » du Hamon
Martin quintet et Sylvain Girault. On ne sera pas étonné non plus de les voir
continuer cette inclinaison vers le blues, saluer avec mémoire Phineas Newborn
ou le poète shawnee Barney Bush, évoquer la misère du soldat, démesurer avec le
temps tels Léo Ferré, se souvenir de la Commune comme origine d’un monde
possible et ne pas oublier un « petit chant d’espoir » afin de
prévenir tout pessimisme aisé.
Artisans nato
(1) Hymas & the Bates
Brothers : Blue Door (nato)
Le 1er à l'Ajmi en Avignon
Le 2 au Rochois à la Roche Bernard
Le 5 à Arcueil - Sons d'Hiver
Photo : B. Zon
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