Another Kind of White //
Frame#1
J’ai depuis plusieurs jours
un cadre blanc sous les yeux.
Je le vois, posé là, devant
moi, sur un tabouret à côté de la fenêtre.
Comme un miroir translucide
mon regard traverse son opacité et cherche dans sa perspective vide ce que je
pourrai bien y voir.
Il guide mes yeux lorsque,
comme ce matin, je travaille la mécanique des doigts.
Il n’est pas vraiment
blanc, un peu jaune par endroit.
Un vieux blanc qui se
souvient.
Le souvenir de la sève.
Malgré les couches, la résurgence
de cette nature profonde.
Cette essence qui nous
oblige à une mémoire de la nature.
Difficile d’oublier que
l’on a été un arbre, une foret.
La jungle.
Et qu’avec elle nous
parvenait d’éternelles promesses de vie.
Je ne sais quant il prendra
pleinement sa fonction de cadre.
Que peut devenir un cadre
lorsque tout ce qui passe, se passe est hors-champ ?
Hors du cadre ?
En dehors du cadre.
L’extérieur qui s’invite et
prend pleinement sa place.
En dehors de certains
cadres.
Même ceux imposés par la
vie elle-même.
La vie est-elle un
cadre ?
Que cadre-t-elle ?
Il est là.
Toujours.
J’aime bien qu’il soit
vide.
Est-ce que les peintures
blanches de Robert Ryman sont vides ?
Est-ce que la mémoire est
blanche ?
Est-ce que le silence est
blanc ?
Qu’est-ce qu’un son
blanc ?
Peut-on être pur et ne pas
être blanc ?
Qui n’est pas blanc ?
Est-ce que le blanc est
pur ?
Qui est l’impur ?
Peut-on être impur et
blanc ?
Mécanique des doigts.
Mécanique de la pensée
contre le blanc de l’esprit.
L’esprit est-il
blanc ?
J’aime ces objets sans
fonction qui me regardent de leurs grands yeux étonnés de mon ignorance.
Souvenir de Marcel D, de
Francis P, amis d’Erik S ?
Ce cadre n’est pourtant pas
un Ready-made, je préfère les totems.
Ces autres souvenirs des
arbres.
Je ne sais pas ce qu’il va
finir par encadré, mais le moment venu mon choix sera le sien.
Il invitera celle ou celui
qu’il voudra ou pas
Indépendamment de moi.
Puis
Avant d’en savoir plus sur
une autre sorte de blanc, avec le piano de Tony H encore en mémoire, je pense à
White on White de Gyorgy Ligeti.
Prés-texte // Mardi 29
janvier 15:27
Une autre nouvelle vient de
l’autre rive.
Blanche et silencieuse comme
une feuille vide de sens et qui cherche son orientation.
Comme une inspiration sans
objet.
Sans prise.
Mise entre parenthèse du
présent.
En attente, à distance.
Une autre nouvelle – lente
comme une lame de fond – qui trouble le souvenir que j’ai d’une belle nuit,
d’une belle soirée, d’une certaine
rencontre attendue.
Qui l’oblitère comme un rappel
à l’ordre ne retenant pas l’écho de mes paroles te disant :
On s’est fini avec Pierre
V, à 4 du mat en s’écoutant News From the Jungle.
Mon point de vue peut
maintenant bien attendre un jour de plus, une ligne de plus.
Dans mes « nouvelles réponses des archives »
j’empruntai ces lignes écrites un 4 septembre : Notre pensée à tous va à
ceux qui, là-haut, montent la garde… (el nostre pensament va als que, allà
dalt, fan guàrdia...)
Veillons.
Montons
la garde.
Par
chance mon cadre est toujours là, dans le blanc de ma nuit.
Veillons
dans le blanc de la nuit.
À Jean, à Tony, à François… mes pensées sont d’abord pour vous Petite Ours.
Guillaume
Séguron
Sundance
Kid Studio
6
février 2013
Photo (Ajmi le 26 janvier) : Dominique Héraud
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