Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

9.4.13

URSUS MINOR :
DEUX JOURS À LA CAVE DIMIÈRE

photographies par Jean-Jacques Birgé et Eric Echampard

Ursus Minor était déjà passé à La Cave Dimière d'Argenteuil en 2005 (dans sa version hors les murs lors des grands travaux transportant la vieille cave moyen-âgeuse au XXIème siècle comme dans une aventure de Bob Morane). Le dénominateur commun de cette tournée de printemps 2013 est bien la fidélité. En effet, il s'est agi partout, soit de retrouvailles, soit d'opiniâtreté d'organisateurs pleins de désirs que les calendriers n'avaient su jusqu'alors satisfaire. Comme à Langonnet ou à Bordeaux, il y aura rencontre avec des tous jeunes gens, ici plus jeunes encore puisque le 5 avril dans l'après-midi, le groupe jouera pour 120 élèves de classes primaires accompagnés de leurs enseignants. Moment contentant où l'on constate -schématiquement sans doute -  que les filles sont plus aptes à danser, à manifester leur enthousiasme vivement, que les garçons, mais que tous ont une foultitude de questions à poser à tous les membres de l'orchestre à peine François Corneloup en fait-il la suggestion. Ils sont curieux de tout. De savoir comment on devient musicien, comment Stokley Williams dialogue avec sa propre batterie, comment Grego Simmons à appris la guitare ("j'ai pris une guitare et j'ai regardé Jimi Hendrix !"), quelle technique vocale utilise Desdamona, comment Tony Hymas règle ses claviers, questions aussi sur le mélange des genres et des gens. François leur parle d'étoiles et ils chantent avec Ada Dyer et tous les membres de l'orchestre "Black and white together, we shall not be moved". Ce n'est pas rien. Et ils en veulent encore... le groupe rejoue après la discussion.

Être deux jours dans un lieu c'est aussi l'occasion de mieux rencontrer ceux qui y travaillent, Nicolas Taupin si compréhensif de ce qu'est la musique aujourd'hui, Julien, Philippe et toute l'équipe. Joie de revoir aussi Daniel Marty et converser avec lui, réaliser que les années n'ont entamé ni le plaisir de musique, ni les motivations initiales. Un peu plus tard, après l'incursion chaleureuse (devenue indispensable) de la bande à Raphy, se tient une séance de prise de vues avec le photographe Jean-Baptiste Millot dont on peut (par exemple) voir les portraits sur Qobuz. Là, c'est pour la revue Jazz Magazine-Jazzman. Toujours amusant ces photos de groupe, jamais facile à organiser, l'opérateur se doit d'être très concentré en peu de temps, faisant fi des facéties des uns et des autres tout en les intégrant. Un reporter de la même revue, Lionel Eskenazi, viendra poser des questions à quelques membres du groupes un peu plus tard. C'est sympa ! Mais aucun journaliste ne viendra pour le concert le lendemain. Il doit y avoir sérieuse pénurie (constatée par bien des acteurs du champ musical). Sur l'ensemble de la tournée d'Ursus Minor nous avons vu des envoyés de l'Union (Picardie), Culture Jazz, Citizen Jazz, Radio Campus et puis voilà ! Si les journalistes musicaux sont devenus si rares, si ils ont tant de difficultés à sortir de leur repères-repaires, il va tout de même falloir s'en occuper... non ! non ! non ! pas à la manière des Conseils de Bavière en 1919 (pas encore)... mais peut-être en les chérissant comme ces espèces en voie de disparition, en les adoptant (quelques spécialistes ont remarqué qu'en leur offrant le gîte et le couvert, on avait parfois de meilleurs résultats)... Plus haut à propos des enfants : "Ils sont curieux de tout".

Le lendemain soir 6 avril (jour anniversaire de l'abdication de Napoléon 1er), la salle s'emplit. Là comme ailleurs, les visages de quelques amis-acteurs de nos aventures font chaud : Marianne Trintzius, Nathalie Richard, Olivier Gasnier, Françoise Romand, Eric Echampard, Jean-Jacques Birgé (ces deux musiciens se feront photographes d'occasion pour la joie de ce Glob)...

Les hommes pleurent, oui, je ne peux me retenir à l'écoute de "Move" de Jef Lee Johnson, totalement bouleversé ce soir-là. La soirée accentue une fois de plus la trace d'un horizon qui se meut sans cesse du jaillissement d'autrui, avec moult invitations et quelques mystères, dans une belle liberté collective conclue de toute sa voix par Ada Dyer : "Take action !"


Eric Echampard : Photo familiale
Jean-Jacques Birgé : Photos scène

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