Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

12.5.23

WAR PONY

Jean Cocteau avait énoncé le fait que la lumière était l'encre du cinéma, écriture moderne. La lumière de War Pony (sorti le 10 mai), le film de Gina Gammell et Riley Keough est d'encre. Comme dans le film cousin de Chloé Zhao Les Chansons que mes frères m'ont apprises, on retrouve la jeunesse de la réserve Oglala de Pine Ridge confrontée à son exil intérieur, aux relations familiales (au sens large) et à la dévastation du "Rêve Américain" (export européen). Mais l'angle de War Pony se consacre à un seul périmètre qui n'inclut pas le départ. Ça et là, à l'occasion d'événements brutaux, d'un surplus de violence ordinaire face à la brutalité quotidienne, pointent une lumière d'indianité, l'éclat fort discret d'une ténacité humaine exceptionnelle, d'un chant ancestral, d'une forme de résistance unique où la nature sait aussi reprendre ses droits. Les acteurs et actrices (non professionnels) sont tous des enfants de Pine Ridge qui bouleversent le film d'incarnation, échappant ainsi aux déconvenues des démonstrations convenues (et en l'espèce, impossibles). Le cinéma a participé au martyr des Indiens, quelques films tardifs et indispensables (les deux précités sont filmés par des femmes) redonnent de l'encre à leur propre écriture.

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