L’abstraction organique de Pharoah Sanders & The Underground SãoPaulo / Chicago Underground
(MAC-Créteil - 17 février 2012)
Sans crier gare l’espace est soudain occupé par une forme de transformation incessante, une lente emprise des esprits et des corps comme une piqûre rageusement expressionniste agissant si doucement, mais sans égards. Pharoah Sanders avec les Underground de São Paulo et de Chicago ou comment faire exactement la même chose que ce que l’on a toujours fait en appuyant sur le contraire dans une sorte de volupté interdite : une véritable abstraction organique. Dans ce théâtre d’ombres, la danse est puissante, mais fantôme, elle n’invite pas, elle accuse. Elle souligne notre désemparement, affiche tour à tour le temps des lambeaux (rags time) puis les lambeaux du temps (rags of time). Cela saisit ! L’élévation réside dans la conjugaison destruction-construction, laisser la pensée hors de soi pour capter ce que l’on pense. Le créateur n’a plus de plan de maître, mais la danse subsiste, nue, orpheline. De face cachée en face cachée, on aperçoit l’espace d’un éclair, d’échardes colorées, les contours de la fin du temps, bribes nihilistes d’images chères, d’irrattrapable, d’énigmes allusives, de solitudes fragmentées, de tant d’abandons aussi. Où étions-nous ? Qu’avons-nous fait ? Où avions-nous laissé nos corps ? La musique fauve en larges aplats et effets d’optique, décèle l’étincelle des contraires. Jouer ensemble pour jouer en même temps ou jouer en même temps pour jouer ensemble ? On nous l’avait déjà dit, nous n’avions pas su entendre : la multiplicité défait toute réduction. Ce soir le rappel est cru, irréductible. Dans l’entrechat de ces profondeurs, scintillant brièvement, la conscience du devenir comme une dernière chance.
Jean Rochard (nouvelles de Grèce)
Sans crier gare l’espace est soudain occupé par une forme de transformation incessante, une lente emprise des esprits et des corps comme une piqûre rageusement expressionniste agissant si doucement, mais sans égards. Pharoah Sanders avec les Underground de São Paulo et de Chicago ou comment faire exactement la même chose que ce que l’on a toujours fait en appuyant sur le contraire dans une sorte de volupté interdite : une véritable abstraction organique. Dans ce théâtre d’ombres, la danse est puissante, mais fantôme, elle n’invite pas, elle accuse. Elle souligne notre désemparement, affiche tour à tour le temps des lambeaux (rags time) puis les lambeaux du temps (rags of time). Cela saisit ! L’élévation réside dans la conjugaison destruction-construction, laisser la pensée hors de soi pour capter ce que l’on pense. Le créateur n’a plus de plan de maître, mais la danse subsiste, nue, orpheline. De face cachée en face cachée, on aperçoit l’espace d’un éclair, d’échardes colorées, les contours de la fin du temps, bribes nihilistes d’images chères, d’irrattrapable, d’énigmes allusives, de solitudes fragmentées, de tant d’abandons aussi. Où étions-nous ? Qu’avons-nous fait ? Où avions-nous laissé nos corps ? La musique fauve en larges aplats et effets d’optique, décèle l’étincelle des contraires. Jouer ensemble pour jouer en même temps ou jouer en même temps pour jouer ensemble ? On nous l’avait déjà dit, nous n’avions pas su entendre : la multiplicité défait toute réduction. Ce soir le rappel est cru, irréductible. Dans l’entrechat de ces profondeurs, scintillant brièvement, la conscience du devenir comme une dernière chance.
Jean Rochard (nouvelles de Grèce)
Photo : B. Zon
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