Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

27.2.12

DOLO MUSIC

Dolo Music, c'était l'autre nom de la Boutique du Jazz rue Clotaire dans la seconde partie des années 70 (espace qui quelques années plus tôt fut celui du Futura de Gérard Terronès) jusqu'aux débuts d'une décennie qui vit encore d'autres changements du jazz. Dolo Music s'appelait Dolo Music simplement parce qu'elle était tenue par Dolores Cante, une femme de grande générosité et de belle amitié. Impossible d'être à Dolo Music en client anonyme. Certains de mes premiers pas, je les ai faits là. C'est là que j'ai compris - comme par magie simple - que je pourrais aussi réaliser des disques en rencontrant Jean-Jacques Pussiau, un familier du lieu, qui commençait l'aventure Owl, là aussi que j'ai rencontré Jac Berrocal qui venait y déposer son album Parallèles tout frais sorti et demander quelques conseils (Dolo appelait de suite Daniel Richard pour que Berrocal puisse aussi être sur les Champs Elysées). J'en étais le premier acheteur et éprouvais un sentiment de proximité inédit. Là encore que Michel Portal a écouté Soprano Solos d'Evan Parker en faisant toutes sortes de grimaces et de sourires. L'inaccessible devenait si proche. Beaucoup de musiciens passaient. Le samedi, on restait des heures chez Dolo et on faisait la fermeture en repartant avec des disques de toutes provenances, des classiques obligatoires de Mingus (qu'elle adorait) ou d'Ornette autant que des trucs que pas grand monde n'avait entendu. Ça pouvait être Guido Mazzon ou Terumasa Hino, Helen Merrill avec Gary Peacock ou John Stevens, Raymond Boni ou Kent Carter, Eugene Chadbourne ou Hans Reichel. Des revues aussi. Dolo connaissait tous ses clients, tous des habitués sans habitudes, tous des copains parés pour l'aventure, elle nous mettait des trucs de côté, de très bons côtés. Un jour de printemps 1981, j'apportais à Dolo mes premiers disques enregistrés l'année précédente avec ce même sentiment d'inédit. Une petite odyssée. Lorsque la boutique ferma, elle inventa, avec Patrick son compagnon, d'autres aventures toujours amicales, toujours généreuses. Aujourd'hui 27 février, la musique de Dolo s'est tue dans l'après-midi. J'ai tant appris grâce à elle.

Jean

12 commentaires:

jjbirge a dit…

Malgré la tristesse, des souvenirs souriants...

Anonyme a dit…

Quelle horrible nouvelle ! Elle restera inoubliable.

Anonyme a dit…

Tu étais si gentille, toujours prête a aider repose en paix..

Anonyme a dit…

J'ai connu Dolores Cante au milieu des années 1960 dans les jazz clubs de Saint-Germain-des-Prés, puis s'ensuivit une multitude d'aventures en commun jusqu'aux Broches à l'Ancienne. J'ai dédié le concert de ce lundi 27 février 2012 à La Java à non seulemnt Dolo, mais aussi à Jef Gilson, Sam Rivers et J. B. Hess qui viennent de nous quitter. Gérard Terronès

Gérard Terronès a dit…

J'ai connu Dolores Cante au milieu des années 1960 dans les jazz clubs de Saint-Germain-des-Prés, puis s'ensuivit une multitude d'aventures en commun jusqu'aux Broches à l'Ancienne. J'ai dédié le concert de ce lundi 27 février 2012 à La Java à non seulemnt Dolo, mais aussi à Jef Gilson, Sam Rivers et J. B. Hess qui viennent de nous quitter.

Valérie Crinière a dit…

des diners, une expo, plein de souvenirs remontent. Une époque s'en va...

Gérard Rouy a dit…

Dans les années 70, Dolores Cante nous avait proposé, à quelques copains photographes comme Horace, Etienne Dobiecki et d'autres, de monter une agence de photographie de jazz et de tenter de diffuser nos images... C'était une battante très gentille.

Anonyme a dit…

Ah Dolo… ;-)
Sans oublier Patrick !
Je l'ai vue hier et malgré l'ambiance hôpital, c'est son rire et sa générosité que je voyais encore… 
J't'aime toujours "Doly Dolo Dolores"…

Bernard

Anne a dit…

bel hommage !

Anonyme a dit…

Des bancs de l'école KELLER aux soirées jazz à St Germain. Tu resteras une amie inoubliable.

Les 5 copines d'école.

Anonyme a dit…

Triste nouvelle. Dolo est l'une des personnes essentielle à la communication du Jazz. Une des premières a nous avoir fait surfer aux nouvelles du jazz avec DUKE. Le premiers réseau d'information et d'échanges "jazzistiques dématérialisés" au temps de premiers Minitels du début des années 80... Je me souviens de ses démos au Mille Jazz Club du Bourget avec les premières lignes qui s'affichaient sous nos yeux ébahis... Il n'y avait pas encore le son ni l'image excepté le profil de Duke esquissé avec quelques lettres et numéros... Dolo (et Patrick) toujours à la pointe des échanges amicaux... Philippe Nasse

Anonyme a dit…

merci beaucoup pour les commentaires de la part de son fil que ton âmes repose en paix