Salut les ours !
Salut les chats !
Salut les bisons !
Salut les oiseaux !
Salut les tortues !
Salut les baleines !
Salut les pingouins !
Doucement les castors !
Enfants d'Espagne
1.3.09
LA VIE (CREATION) EST (AUSSI) DANS LE STUDIO (INTER-EXTERIEUR)
... (Les aventures de Didier Petit
en Amérique -2-)
"Le jeu, c'est tout ce qu'on fait sans y être obligé."
Mark Twain
L'invention de l'appellation "musique vivante" est apparue il y a quelques années pour indiquer une supposée ligne de démarcation entre la musique pratiquée en public (prétendue éphémère - étonnant de faire fi de la mémoire !), et l'autre pratiquée dans les lieux dédiés à l'enregistrement, destinée à la duplication (c'est en tout cas son espérance de vie). Parfois les choses se compliquent heureusement un peu dans ce bel ordre de magasinier. Il y a des disques appelés "live" (donc vivants) qui sont en fait la duplication d'enregistrements publics de moments vivants par une sorte d'arrangement qui n'est pas censé l'être. Un retour de la mort vers la vie ? Il y a aussi, et c'est plus rare mais ça compte, des moments où le public, donc les vivants, se rend dans ces chambres des Pyramides de la Haute Egypte, nommées studios, pour apporter un côté "live" ("Voodoo Child" in Electric Ladyland). Et hop, pirouette inverse ! Comme le disait un proverbe ancien datant d'avant l'an Mil, sa peste noire et son infernal et inquiétant développement de la ferveur religieuse : "On a la pie qu'on veut et la vie qu'on peut !".
Lors de la création du monde, bâclée en 7 jours, ce qui n'honore pas son auteur, ces divisions entre le vivant et la mort, associées à la division entre l'esprit et le corps, ont malignement permis le maintien d'un ordre sinistre à l'origine de tous les esclavages dont l'encadrement religieux n'est pas le moindre.
Il y avait du monde à Creation Audio hier, ce studio d'enregistrement, situé sur Nicollet Avenue, à l'histoire bien vivante (d'Art Blakey aux Trashmen, de Michel Portal à Taj Mahal). Steve Wiese, animateur aux belles oreilles, témoin de ce qui se joue, compagnon infaillible, créateur d'atmosphère qui a de la gueule, preneur de son équitable s'emploie à faire sauter les verrous d'isolation. Et l'on vit bien dans cet endroit.
Le musicien Didier Petit, était l'hôte de Creation Audio cette dernière semaine de février pour enregistrer, solo en compagnie, ce qui constitue le prolongement de son excellent - et très vivant: Déviation (La Nuit Transfigurée - 2000). Pour conclure ces quelques jours d'enregistrements - et cette tournée américaine ayant pour axe Philadelphie-Chicago-The Twin Cities (St Paul/Minneapolis), le violoncelliste et l'ingénieur avaient concocté un final des plus perturbants pour les séparateurs d'existence et des plus réjouissants pour les éveillés : le retour du trio de violoncelles qui avait épaté en octobre 2005, lors du festival Minnesota sur Seine, un peu plus haut sur Nicollet Avenue à Acadia (bel endroit de concerts récemment tristement déplacé) : Jacqueline Ultan, Michelle Kinney et l'homme Petit lui-même.
Le lieu était plein de subsistance de ces quatre jours (le disque sort à l'automne prochain chez Buda) lors de l'accueil du public se pressant à l'entrée de la place un peu secrète, mais si bienveillante. Au cours d'un ballet joueur de 50 minutes, les trois violoncellistes ont promené leurs invités en de beaux endroits où liberté rime avec latitude et attitude avec partage. Ils se sont laissés vivre jusqu'à échanger leurs instruments à plusieurs reprises : ce qui convient au moment opportun dépasse forcément l'idée de propriété. Sans privation, les yeux ne trompent pas les oreilles, ils les assurent. Et la danse livra une musique d'une délicate clairvoyance.
Le temps de Creation Audio, temps de studio, fut ce soir-là comme les jours qui précédèrent, et ce depuis sa création, un ineffable temps de vie. Et comme la veille au Black Dog, aucune place n'était faite à l'égoïste imbécilité, mais toute entière à l'étendue du réel, du réel tout simplement vivant.
Photos : B. Zon
Post Blogum fort utile : à Paris (France), un disquaire ultra-vivant :
Le Souffle Continu 20/22 rue Gerbier, 75011 Paris
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1 commentaire:
C'est réjouissant de savoir qu'il va y avoir une suite à Déviation qui est un de mes disques de chevet depuis sa sortie.
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