Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

9.4.09

DRESS CODE : ...---...



Le député UMP Didier Julia, en conformité avec sa vassale fonction qui consiste, comme pour l'ensemble de la gent politique, de créer des diversions lorsque le peuple approche de l'objet principal, a déposé le 8 avril (date anniversaire des accords d'Evian - mais ça n'a rien à voir... enfin... non... euh !) une proposition de loi visant à "interdire, comme en Allemagne, le port de cagoules et de tout autre moyen de masquer le visage lors de manifestations ou attroupements". Cela fait partie du programme contre les bandes violentes (sujet sur lequel il est important d'attirer l'attention du bon peuple pendant que l'on termine de le plumer). Ce qui est épatant, c'est aussi le "Comme en Allemagne" que la presse a repris à tour de bras. On attend les lois justifiées par un "Comme en Chine", "Comme en Grèce", "Comme en Russie", "Comme en Amérique", "Comme au Groënland" ...

Nous voilà certainement en zone de progrès pour mettre en place des lois d'interdiction de vêtements "Comme en Allemagne", la mode doit y être la même.

Sur les photos de Napoléon IV entouré de sa bande violente (parfois affublée de l'amusant sobriquet de Conseil de Ministre), sur la photo de la bande violente du G20 à Londres - dont les milices ont tué un homme, ou sur celle de la bande violente qui commande l'OTAN, effectivement on ne voit aucun masque en apparence. C'est bien foutu leur truc ! Mais en y regardant de très près (dans le détail) ou bien de très loin (dans l'autre grand détail collectif), ces visages sont loin de former une mosaïque de vérité. Ici les masques sont intégrés à la fonction. Ils sont de greffe. Leurs habitants qui se vautrent dans le pire en éclat-boue-sang les pauvres gens n'ont plus besoin de cache misère puisqu'ils sont l'incarnation du mensonge, du vol permanent, de la confiscation de toute dignité. Leurs troupes exécutantes de bourreaux, de flics, de matons et de gardes, elles, ont recours aux cagoules qui sont l'antithèse de ces masques nécessaires à l'expression de l'ingénuité vive que l'on trouve en face.

Et madame la Ministre de l'Intérieur de l'Empire fébrile de justifier "Ceux qui manifestent pour leurs idées jamais ne dissimulent leurs visages". L'histoire fait long feu. À l'heure où la France vivait sans choix "Comme en Allemagne", les résistants, aujourd'hui glorifiés des (re)fondations essentielles de notre belle république, étaient dénommés terroristes et accusés par l'occupant Nazi de "dissimuler leurs visages en mettant en danger la population française". L'ordure Nazi et ses collaborateurs forçaient d'ailleurs volontiers ceux qu'ils exécraient à se signaler facilement ; les juifs durent porter l'étoile jaune. Ils se seraient bien passés de cet empêchement à dissimulation. Le pouvoir est affaire de mensonge et de cruauté, l'innocence réveillée et active est question de masques temporaires.

Interdire les cagoules dans les manifestations ? Jean Royer, député maire de Tours et candidat à l'élection présidentielle de 1974, voulait interdire l'avortement, la pilule, les films pornographiques, les mini jupes, les classes mixtes, tous cause majeure de désordre public. Il a beaucoup fait rire.

L'état est si (peu) sûr de lui qu'il veut maintenant réglementer les costumes. À cette heure, il faut être sourd-aveugle-muet-insensible de l'olfactif et du tactile pour ne pas avoir compris à quel point point nos vies sont bradées, nos esprits momifiés et nos culs défoncés par de prétendus "élus du peuple" (en réalité des violeurs d'opinion aux parures d'imposture, vils quémandeurs de petits bulletins qui les portent si haut, là où leur postérieur empeste le monde entier).

Madame la Ministre (synonyme de Voix de son Maître), pourtant d'origine pyrénéenne semble tout ignorer de l'utilité du passe-montagne. L'escalade est en cours, dans les deux sens. Nombreux se transforment en flic, ces masques-là sont fournis gratuitement. On dénonce à tout va, on blâme dans l'espoir d'une caresse du Maître (bientôt l'intellectuel Philippe Val directeur de France Inter - sans cagoule ?), on livre les immigrés sans permis de séjour, on va même jusqu'à dresser des liste d'internautes indésirables. L'avenir de la crise, c'est la suspicion généralisée et cette belle ligne suffisamment large pour que tant s'y suicident, cette ligne qui sépare les pauvres des riches, les intellectuels trop gavés des gens de bon sens qui cherchent et les gens de gauche du peuple.

Une nouvelle loi bête de professeurs Shadokos endimanchés dont la seule valeur est d'afficher la peur des seigneurs.

A toutes les peintures de sinistres clown blancs, nous préférerons toujours les masques d'augustes des carnavals. En France, "Comme en Allemagne", il existe de très beaux carnavals.

2 commentaires:

Le celte masqué a dit…

“Ici, quand on manifeste, quand on a recours à la violence, ce n’est pas pour se distraire, ce n’est pas pour nuire à autrui, c’est parce qu’on est profondément désespéré, c’est parce qu’on pense qu’on n’a plus de recours et qu’on se sent condamné à la mort économique et à la mort sociale.“

Candidat à l'élection présidentielle Sarkozy en avril 2007 à Lorient

MIAM a dit…

«Je viens de soumettre au Premier ministre un projet de décret pour interdire le port de la cagoule ou tout autre élément pour se dissimuler dans les manifestations. » Petite déclaration de Michèle Alliot-Marie jeudi matin sur France Inter. Le cocktail capuche-keffieh risque d’être prohibé dans les prochains défilés. Réagissant mercredi 8 avril aux violences qui avaient émaillé le sommet de l'Otan à Strasbourg début avril, elle lâchait son argument : «Ceux qui manifestent pour leurs idées jamais ne dissimulent leurs visages.» Concrètement, le décret prévoit une amende de 1500 € pour le manifestant non-identifiable et 3000 € en cas de récidive dans un délai d'un an.

La ministre veut importer en France une mesure qui existe déjà dans d’autres pays d’Europe, notamment en Allemagne. Outre-Rhin, une loi de 1985 stipule que les manifestants n’ont pas le droit de participer à une cortège «dans un accoutrement ou avec des ustensiles destinés ou à même d’empêcher que soit constatée leur identité». Les forces de l’ordre pourront interpeller les individus masqués (que Michèle Alliot-Marie assimile au passage à des casseurs) à leur arrivée ou pendant la manifestation. Mais dans les faits, cette interdiction s'avère bien difficile à réaliser. D'abord, elle dépend de la marge de manoeuvre de la police pour la faire respecter. Et quid des écharpes, des chapeaux, des casquettes ou même d'une paire de lunettes ?


Mam a également l’intention de se servir des caméras de vidéosurveillance pour intervenir après le rassemblement. Alex Türk, président de la CNIL (commission nationale de l'informatique et des libertés), voit des failles juridiques dans cette interdiction. « L'utilisation de la vidéosurveillance doit être cadrée juridiquement. Information du publique, préservation d'espaces d'intimité, combien de temps on garde les images. Qui contrôle ceux qui nous contrôlent ? Là il y a un soucis. » Quand une caméra se situe sur un lieu publique, c'est une commission départementale qui est compétente. « Sauf qu'elle n'ont pas les moyens d'assurer le siuvi de l'utilisation d'un tel matériel, poursuit Alex Türk. Pire, d'une région à l'autre, les moyens et les jurisprudences sont différents. »
Et la cagoule de l’agent ?

«Les déclarations de la ministre partent du principe que les gens n’ont rien à craindre de la police, dénonce Renaud, militant dans la coordination anti-Otan. mais les discours des autorités n’ont rien à voir avec la réalité. Certains militants sont arrêtés pour avoir seulement eu un mot plus haut que l’autre.» Quand il rejoint un cortège, Renaud emporte son foulard. A Strasbourg, lors de la manifestation anti-Otan, il l’a sorti lorsque la situation s’est tendue. «Dissimuler son visage sert d’abord de protection physique, contre les gaz par exemple. C’est aussi une manière de cacher son identité à la police», reconnaît-il.

Xavier Renou, porte-parole des désobéissants, ne condamne pas les manifestants non-identifiables. Mais il préfère la protestation dans la transparence et sans violence. «La désobéissance civile repose sur un principe fondamental : assumer ses actes. C’est pourquoi nous avançons à visages découverts.» Pour les désobéissants, les cagoules ne sont pas légitimes, autant celles des manifestants... que celles portées par certains policiers. «On peut s’interroger sur la responsabilité de leurs actes. Les forces de l’ordre remarquent les capuches et les keffiehs dans les manifs. Ça fait peur, ça donne de belles images pour la télé… Et ça justifie les tirs.»

Extrait de Libération