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Salut les baleines !
Salut les pingouins !
Doucement les castors !
Enfants d'Espagne
15.4.09
LES AMITIÉS D'ABEL PAZ
La contrebassiste Hélène Labarrière est venue jouer pour l'enregistrement en 1986 du disque Buenaventura Durruti, elle a alors découvert le livre d'Abel Paz et puis a souhaité revenir : "Je jouerais différemment maintenant que j'ai lu ce livre."
Abel Paz nous avait beaucoup encouragés à réaliser notre disque de salut à Buenaventura Durruti où sa voix faisait suite à celle d'une enfant (Elsa Birgé). Une voix d'expérience et de partage. À la CNT l'année suivante, sa parole précédait, lors de la fête du livre libertaire, un concert avec Evan Parker, Hélène Labarrière, Sylvain Kassap, Benoît Delbecq, Guillaume Orti, Noël Akchoté, Mark Sanders et Violeta Ferrer dont la voix provenait du même temps. Il était venu à Villeurbanne pour une conférence précédent la première de Los Incontrolados (orchestre collectif né du disque sur Durruti) puis à Sons d'Hiver pour le projet de Los Incontrolados (Testament d'un Incontrôlé de la Colonne de Fer) où ses mots s'étaient mêlés à ceux des enfants dans les écoles du Val-de-Marne. Benoît Delbecq et Noël Akchoté s'étaient entretenus avec lui pour Jazz Magazine. Il avait su imposer le silence lors d'une émission à Radio Nova, confondant ses intervieweurs. À Minneapolis, en 2007, à la librairie Arise un passionnant débat s'était tenu autour du film "Diego" (éclairants souvenirs espagnols) de Frédéric Goldbronn lors de la publication américaine intégrale du livre d'Abel Paz sur Durruti. Une autre soirée au Black Dog de St Paul avait eu lieu autour du même film le premier mai un an plus tôt lors de la grande grève des hispaniques. Les paroles de ce militant anarchiste qui croyait dans la poésie résonnaient fort à ce moment de l'Amérique du XXIème siècle. "Une nouvelle société était en marche. Les ouvriers cessaient d’être esclaves et devenaient des hommes libres".
Abel Paz était le pseudonyme que s'était choisi celui qui répondait au beau nom andalou de Diego Camacho pour écrire... Né le 12 août 1921 à Alméria, fils d'une chiffonnière "révolutionnaire dans l'âme", il devient ouvrier du textile à Barcelone en 1934 où sa famille a émigré en 1930. C'est en 1935 de retour à Almeiria qu'il rejoint la CNT, par ailleurs omniprésente à Barcelone où il revient en 1936. Il y vit intensément les journées de juillet ; "En une journée, nous sommes devenus des adultes". Trop jeune pour rejoindre les colonnes anarchistes, il fonde avec ses deux amis les Don Quichotte de l'Idéal, qui publient Le Quichotte. En 1937, il participe aux événements de Barcelone qui opposent les staliniens aux jeunesses libertaires et au POUM. Il est arrêté pour un temps bref. En 1938, le voilà sur le front. Puis 1939, c'est le temps des camps honteux mis à "disposition" par l'état français pour les réfugiés anti-franquistes. En 1942, après son emprisonnement en France, la lutte reprend en Espagne. Il y est arrêté un an plus tard. Sa peine purgée, il continue la lutte anti-franquiste, c'est à nouveau l'exil vers la France. En 1953, missionné par la CNT en exil, il revient clandestinement en Espagne pour organiser les publications de Solidaridad Obrera et CNT. Membre du syndicat des correcteurs français (comme Violeta Ferrer et nombreux anarchistes espagnols), il prend part aux événements de 1968 et publie en 1972 la première biographie de Durruti qui est aussi une histoire de la Révolution Espagnole (événement que l'histoire officielle s'entête à dissimuler). En 1977, c'est le retour en Espagne. Il a écrit d'autres ouvrages sur cette période dont plusieurs autobiographiques et un livre très important sur la Colonne de Fer.
Abel Paz s'est éteint le 13 avril 2009 à Barcelone, il nous avait beaucoup éclairés.
"Nous avons créé notre temps, ce qui semble incompréhensible pour ceux qui ne l’ont pas vécu. On nous a ensuite imposé un autre temps, mais je vis encore celui que nous avions créé. Je n’ai jamais retrouvé l’intensité de ce 19 juillet 1936..."
À lire (publications en français) :
Buenaventura durruti, 1896-1936 (Tête de Feuilles - rééditions augmentées : Quai Voltaire puis Editions De Paris-Max Chaleil)
Chronique passionnée de la colonne de fer (CNT - réédition Nautilus)
Guerre d'Espagne (Hazan)
Durruti 1896 - 1936 (Album de photographies - L'Insomniaque)
Barcelone 1936 - Un Adolescent Au Coeur De La Révolution Espagnole (La Digitale)
À écouter :
Buenaventura Durruti (nato 1996)
À voir :
Diego de Frédéric Goldbronn (dont sont extraites les citations d'Abel Paz ci-dessus) (1999)
Buenaventura Durruti (1896-1936) de Jean-Louis Comolli (1998)
Buenaventura Durruti dans la révolution espagnole de Paco Rios et Abel Paz (1998)
Centre Ascaso-Durruti 6 rue Henri-René 34000 Montpellier - Tél. : 04 99 52 20 24
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11 commentaires:
Que reste-t-il du temps qu'il fait ?
Les médias ne parlent que de Maurice Druon. L'Espagne aura toujours du mal.
Les grands révolutionnaires s'en vont. Il faut être les prochains.
Bonjour, Je viens de vous mettre sur mon blog dans l'article d'hommage à Diego Camacho.
Vous pouvez aller voir si le ceur vous en dit:
http://librairieespagnole.blogspot.com
Cela vous va-t-il?
Si vous voulez ajouter autre chose
contact: Sonia
http://ladeloslibros@hotmail.fr
A bientôt
Diego s'en est allé - une grande émotion m'étreint, sa voix dans les oreilles "hé, petit...". Un homme inoubliable tout comme le témoignage qu'il nous laisse.
Chère Sonia,
Merci pour votre bel article sur Diego dont la voix effectivement, aujourd'hui porte loin.
Amitiés,
Triste nouvelle... je me souviens du concert des Incontrolados à Villeurbanne, auquel de nombreux souvenirs se rattachent, et notamment l'intervention de Diego qui avait évoqué l'option d'une installation à la campagne des militants anarchistes, afin d'édifier dans la non-violence, c'est à dire dans une logique de non-confrontation avec la société, les prémisses d'une organisation libertaire. Son propos m'avait semblé empreint de défaitisme et d'impuissance.
Depuis, je me suis installé à la campagne et mes réflexions ne m'ont jamais parues aussi proches des thèses énoncées ce soir-là, reposant sur les concepts d'autogestion et de fédéralisme.
Aux villes la destruction des centres du pouvoir, aux campagnes la réapropriation des espaces de décisions collectives...
Salut et fraternité !
Stéphane Cattaneo
C'était vraiment une sacré époque.
Los Incontrolados, le disque Buenaventura Durruti...
Et Diego, de passage au bureau : "eh petite, te laisse pas faire". ça me revient tout d'un coup. Triste et joli souvenir.
C'était un grand monsieur.
J'étais à la journée de la CNT évoquée ici. Il y avait une atmosphère très spéciale que j'ai rarement retrouvée. Merci à Diego et Violeta.
Bien peu de choses dans la presse française (en fait rien), comme je ne lis ni l'anglais, ni l'allemand, ni le grec et à peine l'espagnol, merci de partager cette triste nouvelle
Un article d'Edouard Waintrop sur Diego : http://cinoque.blogs.liberation.fr/waintrop/2009/04/diego-est-mort.html
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